Attaque à Paris : "Le spectre de personnes pouvant passer à l'acte s'est élargi"

Une attaque au couteau est survenue à Paris vendredi, devant les anciens locaux de "Charlie Hebdo"
Une attaque au couteau est survenue à Paris vendredi, devant les anciens locaux de "Charlie Hebdo" © Alain JOCARD / AFP
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Ariel Guez
Invité d'Europe Matin, Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes, est revenu sur l'attaque à l'arme blanche survenue vendredi à Paris, devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Il explique que la cristallisation autour des caricatures de Mahomet fait que le spectre des personnes pouvant passer à l'acte s'est élargi.
INTERVIEW

Au même endroit, plus de cinq ans après. Une attaque à l'arme blanche a fait deux blessés vendredi à Paris devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, en plein procès de l'attentat meurtrier qui avait visé l'hebdomadaire satirique en janvier 2015, et sept personnes ont été interpellées dont l'auteur présumé. Sur Europe 1, Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes, est revenu sur cet événement et a rappelé que la republication des caricatures de Mahomet il y a quelques jours "a provoqué un tollé dans le monde musulman". "Quand il y a quelque chose qui cristallise comme les caricatures de Mahomet, on élargit le spectre des personnes qui peuvent passer à l’acte au-delà des sympathisants djihadistes habituels", explique le journaliste.

La republication des caricatures de Mahomet "a provoqué un tollé dans le monde musulman".

"Aujourd’hui, quand il y a une publication de caricatures, ça ne concerne plus que la France ou que l’Europe. Quand il y a quelque chose comme ça, il y a des milliers de gens qui descendent dans la rue au Pakistan", explique Wassim Nasr. "Ce qu’il faut essayer d’imaginer, c'est que les gens ne perçoivent pas les choses comme on les conçoit nous-même ici", continue le journaliste. 

Toutefois, l'enquête est toujours en cours, et ce sera aux autorités de déterminer un tel lien de cause à effet, rappelle Wassim Nasr. "Ça peut l'avoir incité à passer à l'acte, ou ça peut être un contact dans son pays d’origine qui a manifesté et qui lui a dit qu’en étant au cœur d’un pays mécréant, il fallait qu’il passe à l’acte" 

L'attaque de vendredi "était très mal préparée"

Surtout que depuis plusieurs semaines, Al-Qaida menace les membres de la rédaction de l'hebdomadaire satirique. "Mais Al-Qaida n’a jamais cessé d’inciter les gens à s’attaquer à Charlie", rappelle Wassim Nasr.

Néanmoins, le mode opératoire de l'attaque à l'arme blanche de vendredi "nous informe sur sa nature : elle était très mal préparée", affirme le journaliste. "Le suspect a été arrêté sans difficulté et avait des vêtements détectables dans une foule très facilement, donc ça dénote complètement de ce qu’on a pu voir avec les frères Kouachi, qui avaient préparé leur attaque pendant des années", justifie Wassim Nasr.