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A.D
Chef du service de radiologie de l’hôpital européen Pompidou à Paris, le professeur Philippe Halimi alerte sur la détresse des personnels du milieu hospitalier et des conséquences sur les patients.
INTERVIEW

Il dénonce un système hospitalier "devenu fou, absurde, qui pousse les équipes à soigner au plus vite". Le professeur Philippe Halimi, chef du service de radiologie de l’hôpital européen Pompidou à Paris dresse un constat alarmant dans son livre Hôpitaux en détresse, patients en danger. Il est venu le commenter mercredi dans la matinale d'Europe 1.

"Énormément de collègues en danger". Le constat de Philippe Halimi est à double tranchant : les soignants comme les patients sont en danger. Son ouvrage ne peut être plus clair qu'en évoquant le suicide d'un de ses collègues, à l'hôpital Pompidou. "Nous avons beaucoup d'éléments nous faisant penser qu'il faisait l'objet d'un harcèlement extrêmement violent à la fois de sa hiérarchie médicale et de la direction de l’hôpital (...) Son suicide est en grande partie lié aux conditions de travail dans lesquelles il exerçait."

Entendu sur europe1 :
Ça donne une vision très sombre de l'hôpital public. Les pressions sont terrifiantes

Ce cas difficile n'est pas isolé selon le professeur qui relate des cas de harcèlement et de maltraitance au sein de l'hôpital. "Ça concerne tous le territoire, les CHU, les centres hospitaliers généraux, l'APHP. Nous avons tous les jours des demandes d'aide de personnels de soin, d'encadrement qui sont dans des situations très difficiles" à tous niveaux hiérarchiques. "Ça donne une vision très sombre de l'hôpital public. Les pressions sont terrifiantes. Il y a des centaines et des centaines de cas et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg parce que nous pensons vraiment qu'il y a énormément de collègues en danger ", souligne Philippe Halimi qui a également monté l'association Jean-Louis Mégnien, du nom de son ancien collègue.

"Plus personne pour s'occuper d'eux". Du côté des patients également, Philippe Halimi alerte. Il dénonce le système de gestion mis en place en 2009, la tarification à l'activité. "C'est la dictature du chiffre. Il faut faire des actes, consommer. Quand on se bat pour défendre les personnels, on se bat aussi pour les patients. Un certain nombre de centres, de régions, avec des filières de patients entières qui sont en déshérence parce qu'il n'y a plus personne pour s'occuper d'eux." L'un des objectifs annoncé d'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, est de sortir de ce système de tarification à l'activité. "On la prend au mot et elle a été extrêmement courageuse parce que c'est la première fois qu'une ministre dit les choses comme elles doivent être dites. Il faut que les déclarations soient suivies d'actes. Je en sais pas si on la laissera aller au bout, il y a une tutelle administrative lourde. Certains n'ont pas intérêt à développer une autre politique."