Sous-effectif, manque de lits... l'hôpital public au bord de la crise de nerf

Une manifestation est prévue mercredi devant le plus grand hôpital de Lyon. (Illustration)
Une manifestation est prévue mercredi devant le plus grand hôpital de Lyon. (Illustration) © AFP
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Justin Morin , modifié à
Les personnels de l'Hôpital Édouard Herriot, à Lyon, sont appelés à manifester mercredi devant leur établissement pour protester contre le manque d'effectifs et les conditions de travail.
L'ENQUÊTE DU 8H

L’hôpital public est au bord du burn-out. Après Marseille la semaine dernière, une manifestation est prévue mercredi devant le plus grand hôpital de Lyon pour dénoncer les sous-effectifs et le manque de lits. Médecins, infirmiers, aide-soignants... les personnels sont à bout. Selon les syndicats, il est même miraculeux que la situation n'ait pas encore explosé.

Des réunions de crise. Au CHU de Nantes, la situation alarme les délégués du personnel qui multiplient les réunions de crise sur les conditions de travail. Il s'en tient plus d'une tous les quinze jours à cause d'une fatigue intense. L'été dernier, cinq infirmiers se sont suicidés à Reims, à Toulouse, au Havre et près du Mans et ces mêmes raisons sont souvent évoquées.

"C'est inhumain". A Guéret dans la Creuse, ville symbole des déserts médicaux, avec une population vieillissante, l'hôpital ne peut plus suivre non plus. Et le constat est identique à Dreux où onze urgentistes sur quinze sont allés jusqu'à donner leur lettre de démission. "C'est une catastrophe sociale. Il y a dix jours, une patiente d'un âge bien avancé est restée 21 heures sur un brancard avant qu'on ne lui trouve un lit", rapporte Djamel Bouaddhi, un des urgentistes. "C'est tous les jours que cela arrive. Cela devient insupportable. C'est même inhumain".

3 milliards d'économie sur l'hôpital. Comme toutes les administrations, l’hôpital participe à l'effort d'économies. Entre 2015 et 2017, 3 milliards d'euros d'économie ont été faites. Les syndicats totalisent 22.000 suppressions de postes. Et parallèlement, la fréquentation des hôpitaux ne cesse d'augmenter. La population vieillit et bien souvent, l’hôpital vient remplacer une simple consultation chez le médecin. 

Un plan de prévention des risques. Face à cette situation la réponse du gouvernement est double. L'an dernier, la loi Santé a été promulguée. Elle doit regrouper les hôpitaux pour mutualiser les moyens et être plus efficace, mais cela prend du temps. Pour les personnels, un plan prévention des risques psycho-sociaux, lancé il y a deux mois, a été mis en place. La ministre de la Santé Marisol Touraine promet une amélioration notamment grâce au recrutement de psychologues. Mais pour les syndicats cet investissement, qui représente 30 millions d'euros, est très insuffisant.