Sonia a surmonté le deuil par l’écriture : "J’ai perdu l'amour de ma vie"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Sonia a perdu son compagnon quand elle avait 23 ans. C’était il y a 19 ans. Elle raconte son parcours de deuil vers la résilience dans un livre. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Sonia explique que l’écriture et les retours sur son livre l’ont menée vers la guérison.
TÉMOIGNAGE

Il y a 19 ans, Sonia a perdu son compagnon, qu’elle présente comme l’amour de sa vie. Ils étaient alors tous deux âgés de 23 ans. Elle évoque son parcours de deuil dans un livre, dont l’écriture a été thérapeutique. Sonia explique que les échanges avec ses lecteurs, qui partagent leurs expériences, donnent du sens à son livre. Elle se réjouit alors que son histoire serve aux autres. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Sonia raconte son chemin vers la résilience. 

"Il y a 19 ans, j’ai perdu l'amour de ma vie. Il s’appelait Christophe. J'avais 23 ans et lui aussi. La vie bascule pour tout le monde et on ne s’y prépare pas. C’est brutal, surtout à 20 ans. Un soir, il n’est pas rentré à la maison. Il est mort dans un accident de moto sur la route du retour. Au petit matin, je me suis levée et ne l’ai pas trouvé auprès de moi. Je me suis dit que quelque chose était arrivé. J’avais un pressentiment.

" Il faut vivre pour ceux qui sont partis "

Je me suis dit qu’il fallait que j’aille à l’hôpital. Entre temps les gendarmes m'ont interceptée et m’ont demandé de les accompagner. La suite a été tragique. On ne veut pas l'entendre, on ne veut pas le comprendre. Tout s’effondre. Cette histoire remonte à 19 ans. Depuis, j’ai remonté la pente. Chacun a son chemin à faire. Certains n'arrivent pas à passer outre. Il faut vivre pour ceux qui sont partis, les mettre à l'honneur, les faire vivre en se souvenant d’eux, en parlant toujours d’eux. Il faut toujours être positif et se reconstruire. 

C'est un chemin que j’ai fait. Ces épreuves m’ont servi. J'ai appris et grandi grâce à ces épreuves. Elles m'ont permis d'ouvrir les yeux sur ce que représentait la vie. Je fais honneur à la vie tous les jours depuis tout ce temps. On m'a souvent dit que j’étais résiliente et je ne connaissais pas ce terme. C’est tout à fait ça : avoir cette capacité à rebondir, malgré les épreuves vécues et en faire du positif, en faire du beau.

" Ça a été une écriture thérapeutique "

J’ai écrit un livre. Ça a été d'abord une écriture thérapeutique. Finalement, j'ai livré mon vécu au grand public. J’étais déjà en phase de guérison pendant l’écriture. Je le suis encore plus avec la sortie de ce bouquin, parce que j’ai des retours de lecteurs. Ils échangent avec moi et partagent leur parcours de vie. On apprend de nos vécus. C’est tout le sens de mon livre. Je l’ai publié pour ça. L’écriture m'a aidée. Mais si j'étais prête à écrire, c’est parce que j'étais déjà apaisée et sereine au sujet de mon passé.

Je devais l’écrire, je devais le révéler pour que ça serve. J'essaie de transmettre des messages d'espoir de vie. Ces échanges avec les lecteurs qui se livrent à leur tour, me nourrissent encore plus et me rendent encore plus positive que je ne l’étais déjà. Si mon histoire peut servir à ça, ça m’aide encore plus parce que ça a du sens. Ma mission, c’était de dire que la vie doit continuer, qu’elle est belle malgré tout, qu’il faut l’honorer chaque jour. Mon chemin n’est pas fini. Je suis sur la bonne voie. On peut être en paix un jour.

Aujourd'hui, je me suis reconstruite. J'ai fondé ma famille. J'ai épousé l’homme de ma vie. Je suis épanouie. C'est un héritage que je transmets à mes enfants. Je sais qu’ils s’en serviront pour leur vie future. Ils seront armés. La vie n’est pas toute rose. Tout peut arriver, mais l’important, c’est de vivre sa vie et de la vivre avec intensité et amour. J’ai dédié mon livre à mes enfants, parce qu’ils devaient savoir. C’est une ouverture d’esprit, une philosophie de vie que j’essaie de leur apporter à ma manière, avec mon histoire."