Samu Appels Urgence 1:40
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Virginie Salmen, avec Thibaud Le Meneec et AFP
Une proposition de loi LREM co-signée par quelque 500 parlementaires, au menu mercredi, comprend une disposition très débattue, à savoir la création d'un numéro unique pour les appels d'urgence. Une simplification du système qui ne ferait pas gagner de temps, selon des représentants de soignants.
DÉCRYPTAGE

Un numéro unique pour les appels d'urgence, le 112, serait-il plus simple ou moins efficace que le dispositif actuel ? Pompiers et soignants ne sont pas d'accord, une vieille divergence qui resurgit à la faveur d'une proposition de loi portée par un député de la majorité, co-signée par environ 500 parlementaires, en vue d'une expérimentation. Le 112 remplacerait les trois numéros actuels, le 17 pour la police, le 18 pour les pompiers et le 15 pour le Samu. Pourtant, les patrons de Samu redoutent de voir déstabilisée toute l'organisation de soins.

"Signal négatif"

Le principe de ce numéro unique est vivement combattu par certains médecins. "Ça paraît plus simple. En fait, c'est simplement simpliste", critique le professeur Pierre Carli, qui dirige le Samu de Paris. Ça veut dire qu'on va tout mélanger dans un grand panier : tout ce qui est de l'urgence, qu'elle soit médicale ou pas, comme l'attaque d'une banque, un poids lourd qui tombe en panne sur l'autoroute. On va y mettre aussi la douleur thoracique de l'infarctus du myocarde, pour laquelle une réaction rapide est nécessaire. Ça veut dire que nous allons avoir une couche supplémentaire qui va constituer une perte de temps, car on sait que le 112 en Europe multiplie ce temps par trois pour accéder au médecin."

La fédération hospitalière de France (FHF) dénonce de son côté "un signal négatif" et "un coup d'épée dans le dos", avec en toile de fond la crainte que la mesure nuise au projet parallèle de "Service d’Accès aux soins" (SAS) voulu par la communauté médicale.

La régulation médicale maintenue

Pour autant, la proposition de loi amendée en commission n'instaure pas formellement le "112" mais ouvre la voie à plusieurs modèles d'expérimentation : un rapprochement de "l'ensemble des services", un rassemblement sans "police-secours", ou un simple "regroupement" du Samu et des médecins de garde en lien avec les autres services d'urgence. "On a 13 numéros d'urgence, il faut simplifier le système", plaide Fabien Matras, le député LREM du Var qui porte le texte. "On ne supprime pas la régulation médicale."

"Cela permettra un gain de temps, une meilleure répartition de nos moyens en fonction de la nature de l’urgence, et de garder un maximum les moyens pompiers pour les situations d’urgence, alors qu’ils sont aujourd’hui parfois sollicités pour un peu tout et n’importe quoi", avance Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).