Simon Merle : "Les super-héros ont une facette profondément humaine"

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A.D
Les super-héros peuvent changer le monde, et donc faire un très bon sujet de philosophie. Simon Merle s'en explique au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

Depuis le Spiderman de 2001 de Sam Raimi, le succès est grandissant pour "les hommes en collant". Les super-héros sont partout, en BD, dans les expos, ils s'affrontent au cinéma et deviennent même un sujet de philosophie. Simon Merle, philosophe et auteur de Super-héros et Philo, était l'invité de David Abiker, dimanche dans C'est arrivé demain, pour décrypter ce succès des êtres masqués.

Kryptonite, le nouveau talon d'Achille. Les premiers éditeurs de BD sont américains : Marvel et DC comics. Mais l'ADN des super-héros prendrait sa source dans la mythologie grecque, "même si des différences sont importantes, notamment au niveau de la double identité (bonjour Clark Kent/Superman, Peter Parker/Spiderman ou encore Bruce Wayne/Batman...)." Les super-héros modernes développent également un sens moral beaucoup plus affûté "que celui d'Achille ou Hercule, qui travaillent pour leur propre gloire". Mais les parallèles sont bien présents : le talon d'Achille serait un peu la kryptonite de Superman. "Il est aussi christique. C'est un homme entre les dieux et l'humanité, qui va souffrir pour ceux qu'il essaie de sauver".

"Profondément humains". Les super-héros, tout en muscles ou pouvoirs, ont donc leurs faiblesses. "Et s'ils n'étaient pas mortels, ils seraient beaucoup moins intéressants." Leur courage serait moins spectaculaire, aussi. "La faiblesse permet de nous identifier, parce qu'ils ont une facette profondément humaine", souligne Simon Merle, qui voit une dimension philosophique au-delà du divertissement : "Il y a un paradoxe entre l'exemplarité et l'aspect monstrueux. Le super-héros est le surhomme nietzschéen qui amène avec lui des changements dans la société." Si Superman est très manichéen, d'autres héros révèlent plus de nuances entre le bien et le mal, comme Batman ou les Watchmen.

Le collant pas très saillant ? Le bien, le mal... ok, mais l'esthétique ? Comment s'attacher à un personnage aussi ridicule ? (Oui ne nous dîtes pas que la cape et le collant, qui donnent certes une identité, sont des plus saillants au quotidien...) "Il y a un côté design pop. Les créateurs de bandes dessinées ont recherché un effet à travers les couleurs. Ce côté un peu ridicule s'est progressivement perdu pour prendre un esprit de sérieux. Même si, par exemple, les Avengers ont gardé une distanciation comique. L'intérêt, c'est d'en faire un divertissement qui peut nous faire rire, mais aussi réfléchir."