«Si j'avais su, je ne vous aurais pas pris» : Joann Sfar évoque des remarques antisémites de chauffeurs de taxi
Dans le dernier volume de ses carnets intitulé "Cent ans sans solitude", l'auteur de BD Joann Sfar évoque des discussions avec des chauffeurs de taxi à Nice, en 2022, qui remettaient en cause sa confession juive. "Si j'avais su, je ne vous aurais pas pris", lui a glissé l'un d'eux, comme il le raconte dans "Culture Médias".
Ce sont des conversations qu'il aura du mal à oublier. L'auteur de BD Joann Sfar raconte dans le dernier volume de ses carnets, intitulé Cent ans sans solitude, des discussions avec trois chauffeurs de taxi à Nice, en 2022, soit un an avant les attaques du 7-Octobre. Ces derniers découvrent qu'il est de confession juive car il donne, au même moment, des interviews à des radios juives. Invité dans l'émission Culture Médias, celui qui est également acteur et réalisateur explique que cela n'est pas très bien passé dans un premier temps.
"C'était un vrai plaisir de parler avec vous"
"Avant, c'était une (conversation sur fond d'antisémitisme, ndlr) par an, et là, en un mois, il y en a eu trois", souligne Joann Sfar sur Europe 1. "C'était très bizarre parce que c'étaient des gens qui connaissaient mieux que moi les juifs. Ils étaient là pour m'expliquer", affirme l'illustrateur, qui raconte l'une de ces conversations. "Un me dit : 'Ah vous êtes juif ?', je dis oui. 'Ah, si j'avais su, je ne vous aurais pas pris.' Le mec m'explique n'importe quoi", relate-t-il au micro de Thomas Isle.
Tout cela s'est finalement bien terminé. "Au bout d'un moment, je me dis qu'il va me taper, hurler... On arrive et il me dit : 'C'était un vrai plaisir de parler avec vous, j'étais vraiment très content monsieur", se souvient-il avec le sourire. "J'ai la chance d'être une espèce de piñata. Par exemple, quand je suis à Tel-Aviv, il y a des gens qui me reconnaissent, qui sont très pro-Netanyahu, qui me tombent dessus en disant 'espèce de salopard de gauchiste', etc. Et après qu'il m'ont engueulé, ils me demandent de faire un selfie", rigole l'auteur de bandes dessinées.
Joann Sfar tire de ces conversations une morale. "Je pense que les gens, individuellement, sont super. Ils ont besoin de se pourrir la tête avec des négativités", estime-t-il, soulignant qu'il existait "des phénomènes puissants de haine, de racisme, d'impossibilité à converser", qu'il évoque dans ses carnets.