Sébastien veut se battre pour sa compagne atteinte du syndrome de Korsakoff : "Elle n'a que moi"

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Thibaud Le Meneec , modifié à
La compagne de Sébastien est atteinte du syndrome de Korsakoff, qui touche 2% des alcooliques, et tente de se reconstruire après une longue hospitalisation. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, il revient sur le parcours tourmenté et le handicap de sa compagne, pour laquelle il envisage de mener deux actions en justice.
TÉMOIGNAGE

Sébastien se démène pour tenter de raccrocher sa compagne Maryline à la société : alcoolique, atteinte du syndrome de Korsakoff, elle a été hospitalisée trois mois à la suite d'un burn out, en novembre 2018. Depuis, elle a continué de consommer de l'alcool à forte dose mais souhaite malgré tout recommencer à travailler. Parallèlement, Sébastien envisage deux actions en justice contre le médecin de Maryline et son employeur. Il s'en explique au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix dans la libre antenne.

"Ma compagne souffre du syndrome du Korsakoff. Amnésies, troubles de la mémoire… Ça concerne 2% des alcooliques. Elle a été hospitalisée le 24 novembre 2018, elle est sortie au mois de mars, elle a passé 114 jours à l'hôpital. Ça l'a prise après un burn out, à la suite du décès de son père, après un mauvais diagnostic de son docteur qui n'avait pas vu la carence en vitamine B1 et l'hypertrophie au niveau des jambes.

Au lieu de faire une cure de désintoxication, elle a préféré continuer à travailler. Je lui ai dit 'arrête Maryline, ça va mal se passer'. Je l'ai découverte dans le coma le 24 novembre 2018. Au bout de trois jours, le neurologue m'a dit qu'elle avait le syndrome de Korsakoff, je ne connaissais pas. Elle ne savait plus quel âge elle avait… Et au bout de trois mois, ça s'est bien passé, elle est sortie. Elle va bien, il y a des hauts et des bas, mais elle est autonome. Malheureusement, elle boit deux litres et demi de vin et de bière par jour. Quand vous êtes alcoolique, comme ça…

Le problème est le suivant : je dois attaquer son patron (dans le domaine du jouet) pour harcèlement moral. Moi, mon premier but a été qu'elle ne finisse pas dans un hôpital psychiatrique. La deuxième partie sera un suivi pour essayer qu'elle retravaille. Elle est handicapée entre 50% et 80%, niveau 2. Je pense qu'elle pourra retravailler, à condition de réduire l'alcool, parce que ça joue beaucoup. 

J'ai fait le gendarme pendant deux mois, je l'ai privée d'alcool, mais au bout de deux mois je ne tenais plus nerveusement, j'étais obligée de prendre des anxiolytiques et des antidépresseurs. C'était trop dur pour moi. On n'habite pas ensemble. Elle a sa carte bancaire, elle est limitée à 150 euros par semaine. C'est dur au quotidien mais après 114 jours à l'hôpital, le plus dur a été fait.

" Sa famille se fout d'elle "

Est-ce que je dois attaquer en justice le patron pour harcèlement moral et attaquer son docteur pour négligences ? Elle a eu l'intelligence de garder les textos de son patron à l'hôpital : 'Reviens vite travailler, on a besoin de toi'. Mais elle ne pouvait pas, elle était à l'hôpital. Elle a aussi reçu des blâmes injustifiés, la veille de ses vacances. 

Deux témoins ont bien vu que Maryline avait fait le double de travail, puisque mon ex-compagne qui travaillait a démissionné pour s'occuper de son enfant. Il a fallu attendre un an avant d'avoir une deuxième personne pour l'aider dans le commerce. Ç'a eu pour conséquence un burn out, déclenché suite à la mort de son père. Son patron avait quand même le devoir de la protéger et de lui dire de prendre un arrêt de travail.

Le médecin a fait faire un électromyogramme à Maryline, où elle n'a rien vu mais à travers les prises de sang, elle a bien vu qu'il y avait une carence en vitamine B1 liée à l'alcoolisme. Mon médecin m'a dit que ça aurait pu être décelé. Travailler, c'était son seul but. L'amnésie était très légère au début, et puis après le décès du père, on l'a perdu dans le coma au mois de novembre 2018. Mais sa famille s'en fout. Elle n'a que moi, maintenant."