Sarah Halimi : le parquet demande un procès du suspect pour meurtre antisémite

Il revient désormais à la juge d'instruction de décider de la tenue ou non de ce procès.
Il revient désormais à la juge d'instruction de décider de la tenue ou non de ce procès. © AFP
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avec AFP , modifié à
La sexagénaire était morte à Paris en 2017 après avoir été jetée par-dessus le balcon par son voisin. Trois expertises psychiatriques contradictoires font craindre aux parties civiles que ce dernier soit reconnu comme pénalement irresponsable. 

Le parquet de Paris a requis lundi le renvoi aux assises de Kobili Traoré pour le meurtre à caractère antisémite de Sarah Halimi, une sexagénaire morte à Paris en 2017 après avoir été jetée par-dessus le balcon par son voisin, selon des sources proches du dossier, confirmées par le parquet.

Il revient désormais à la juge d'instruction de décider de la tenue ou non de ce procès, alors que trois expertises psychiatriques contradictoires font craindre aux parties civiles que le jeune homme, toujours hospitalisé, soit reconnu comme pénalement irresponsable et bénéficie d'un non-lieu.

"Bouffé délirante"

Dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 à Paris, Kobili Traoré, pris d'une "bouffée délirante" selon les experts, s'était introduit chez sa voisine Lucie Attal - aussi appelée Sarah Halimi - au troisième étage d'un immeuble HLM du quartier populaire de Belleville, après avoir traversé l'appartement d'autres voisins qui s'étaient barricadés dans une chambre. Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du coran, ce jeune musulman l'avait rouée de coups sur son balcon avant de la précipiter dans la cour.

Des expertises psychiatriques divergentes

Trois expertises psychiatriques réalisées au cours de l'enquête concordent pour dire que le jeune homme, sans antécédent psychiatrique, ne souffre pas de maladie mentale mais qu'il a agi lors d'une "bouffée délirante" provoquée par une forte consommation de cannabis. Elles divergent cependant sur la question de l'abolition ou de l'altération du discernement du suspect.

"Ce doit être à la cour d'assises d'en décider, à l'issue d'une audience contradictoire, où il y aura un véritable débat, et non pas sur la seule opinion de tel ou tel expert, qui ne sont de fait pas tous d'accords", a réagi Me Caroline Toby, avocate des enfants de la victime. "Le fait qu'il ait consommé du cannabis en excès, bien de loin de le dégager de sa responsabilité pénale, l'aggrave", a commenté Me Gilles-William Goldnadel, avocat du beau-frère de la victime. L'avocat du suspect, Me Thomas Bidnic, a indiqué ne pas vouloir réagir dans l'immédiat.

Antisémitisme, débat et controverse

Cette affaire avait relancé le débat sur l'antisémitisme dans certains quartiers populaires sous l'effet d'un islam identitaire, controverse qui sera ravivée un an plus tard par le meurtre d'une octogénaire juive à Paris, Mireille Knoll. L'affaire avait aussi pris une tournure politique quand le président Emmanuel Macron avait réclamé à la justice "toute la clarté" sur les faits, en présence du Premier ministre israélien en visite à Paris en juillet 2017.