Roland Bondonny ou l'affaire des chiens empoissonnés d’Égletons

Roland Bondonny était une figure d'Égletons et un ancien conseiller municipal de la ville.
Roland Bondonny était une figure d'Égletons et un ancien conseiller municipal de la ville. © AFP
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Guillaume Perrodeau
De 1998 à 2001, 140 chiens sont empoissonnés dans la ville de Corrèze et ses alentours. Les gendarmes s'intéressent rapidement à un notable de la ville, Roland Bondonny…

C'est une affaire criminelle qui débute avec la mort de chiens et qui se termine avec des victimes humaines. En avril 2004, le corps d'un gendarme, Marius Lac, est retrouvé à Égletons, en Corrèze. Un crime qui pourrait bien être lié à un fait divers qui date de plusieurs années : une affaire d'empoissonnements de chiens qui a secoué toute la région.

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140 chiens empoissonnés. De 1998 jusqu'au début de l'année 2001, 140 chiens sont empoissonnés à Égletons et dans ses alentours. À chaque fois, on retrouve le même modus operandi : des boulettes bleues, du Carbofuran, un pesticide utilisé en agriculture, que les animaux ingèrent. Pendant toutes ces années, des investigations vont être menées, mettant notamment en lumière que les boulettes en question sont dispersées la nuit, les veilles de week-end, notamment dans les bois. C'est ce dernier élément, ajouté au fait que bon nombres de chiens de chasse font partie des victimes, qui oriente les gendarmes vers la piste d'un contentieux entre chasseurs.

Les gendarmes découvrent alors qu'il existe un différend entre les chasseurs de l'intercommunal et un certain Roland Bondonny, bien connu à Égletons puisqu'il fait partie des notables de la ville. C'est Marius Lac, gendarme à la retraite, qui va penser le premier à cette piste.

La voiture du suspect. Au début de l'année 2001, plusieurs témoins disent avoir vu une Renault Express blanche, immatriculée "RM 19" sur les lieux où des boulettes ont été retrouvées. Les gendarmes consultent la liste des quatorze véhicules correspondants. Roland Bondonny possède une voiture du même type. Au même moment, l'intéressé vient porter plainte, car une de ses chiennes aurait été empoissonnée, elle aussi. Roland Bondonny est placé en garde à vue. Les gendarmes inspectent sa Renault Express et y retrouvent des traces de Carbofuran à neuf endroits différents. Le 14 février 2001, Roland Bondonny est mis en examen pour acte de cruauté envers les animaux.

Le procès s'ouvre en 2003 et l'un des témoins principaux est Marius Lac. Il désigne Roland Bondonny comme le coupable de l'empoisonnement de ses chiens. Le procès dure deux jours, à l'issue desquels Roland Bondonny est déclaré coupable et condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis. Il fait appel. Et c'est justement entre ce premier procès et le second en appel que Marius Lac est assassiné. Tous les regards se tournent bien sûr vers Roland Bondonny. Mais ce dernier a un alibi imparable : il n'était pas dans la région le jour du meurtre et peut le prouver.

Un homme de main ? Roland Bondonny n'a pas pu tuer Marius Lac, mais a-t-il commandité son assassinat ? Et si Roland Bondonny, riche notable, avait fait appel à un homme de main ? Ce sont des écoutes, auprès du téléphone de Roland Bondonny, qui vont amener les gendarmes sur la piste d'Alain Bodchon, un de ses amis. Quand ce dernier est arrêté, il avoue avoir tué Marius Lac, sur ordres de Roland Bondonny, qui voulait voir disparaître le "chef de la bande" de ceux qui l'accusaient.

Tout semble écrit, net, mais pourtant, il n'y aura pas de vérité judiciaire dans cette affaire. Le 5 février 2005, à l'ouverture du procès en appel de Roland Bondonny, il se pend dans sa cellule. Une mort qui enterre toutes les charges à son encontre. Deux ans plus tard, en 2007, Alain Bodchon sera condamné à 22 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de Marius Lac. Jusqu'au bout, il expliquera que c'est Roland Bondonny qui était le commanditaire du meurtre.