Refuser de livrer le code de déverrouillage de son téléphone peut être un délit

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La Cour de cassation estime que le refus de communiquer le code de déverrouillage de l'écran d'accueil d'un téléphone portable aux autorités judiciaires peut constituer un délit (Illustration). © Silas Stein / DPA / dpa Picture-Alliance
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avec AFP
La Cour de cassation estime que le refus de communiquer le code de déverrouillage de l'écran d'accueil d'un téléphone portable aux autorités judiciaires peut constituer un délit. Cette question sensible portant sur la cryptologie et les téléphones portables avait été examinée par l'assemblée plénière de la Cour de cassation.

Le refus de communiquer le code de déverrouillage de l'écran d'accueil d'un téléphone portable aux autorités judiciaires peut constituer un délit, a tranché lundi la Cour de cassation, confirmant ainsi sa jurisprudence en la matière. Cette question sensible portant sur la cryptologie et les téléphones portables avait été examinée par l'assemblée plénière de la Cour de cassation, sa formation la plus solennelle, après que la cour d'appel de Douai eut rendu une décision contraire à la jurisprudence de la haute juridiction.

L'affaire trouve son origine dans un dossier de stupéfiants : un homme interpellé en possession de cannabis refuse, pendant sa garde à vue, de donner les mots de passe de ses deux téléphones portables.

Une affaire de stupéfiants à l'origine de cette décision

Il est renvoyé en correctionnelle pour cette détention de stupéfiants mais aussi pour avoir refusé de remettre la "convention secrète de déchiffrement d'un moyen de cryptologie" susceptible d'avoir été utilisée pour commettre cette infraction, un délit passible de trois ans d'emprisonnement. Le tribunal correctionnel de Lille, puis la cour d'appel de Douai l'avaient relaxé de cette dernière infraction, considérant que le code n'était pas une "convention de déchiffrement" car il ne servait pas à décrypter des données mais uniquement à débloquer un écran d'accueil.

Saisie une première fois, la chambre criminelle de la Cour de cassation censure en 2020 la décision de la cour d'appel, estimant qu'elle a eu un raisonnement "général et erroné". L'affaire est renvoyée à la cour d'appel de Douai qui refuse de suivre cette jurisprudence et confirme la décision de relaxe.

"Refus de remettre une convention secrète de déchiffrement"

Après un pourvoi du parquet général, c'est en assemblée plénière que la Cour de cassation a réexaminé cette question le 14 octobre. La plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a considéré que dès lors qu'un téléphone portable était équipé d'un "moyen de cryptologie", donc d'un mot de passe, son détenteur était tenu de donner aux enquêteurs le code de déverrouillage.

En s'y opposant, il commet le délit de "refus de remettre une convention secrète de déchiffrement". La Cour de cassation a donc cassé l'arrêt de la cour d'appel de Douai et renvoyé l'affaire devant la cour d'appel de Paris pour que le prévenu soit rejugé.