Qui sont les victimes des "fake news" ?

Les "fake news" se propagent principalement sur les réseaux sociaux.
Les "fake news" se propagent principalement sur les réseaux sociaux. © JOSH EDELSON / AFP
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Les études menées sur la réception des "fake news" montrent que les jeunes et les personnes les moins diplômées sont plus sensibles au phénomène des fausses informations.

La proposition de loi contre les "manipulations de l’information" est débattue à partir de jeudi à l’Assemblée nationale. Objectif : permettre à la justice d’intervenir et mieux protéger les Français de la désinformation. Sans surprise, ce sont les jeunes qui sont en première ligne face aux "fake news" puisqu’elles prolifèrent sur les réseaux sociaux, leur terrain de jeu de prédilection. Selon une étude BVA réalisée en mars 2018, 83% des moins de 35 ans s’informent principalement sur Internet, contre 62% pour l’ensemble des Français. Une omniprésence qui rend les jeunes plus vulnérables aux fausses informations.

Peu de vigilance face aux "fake news". 59% des internautes (soit 34% des Français) qui partagent une information sur les réseaux sociaux ont déjà partagé un lien en sachant que "la source n’est pas parfaitement fiable". De même, 53% des internautes (31% des Français) ont déjà partagé un article ou une vidéo "sans vérifier sa source". Or, les moins de 35 sont parmi les plus prompts à partager une information (vraie ou fausse) sur les réseaux sociaux (64%, contre 58% des internautes), et donc logiquement plus enclins à partager une "fake news".

En plus de l’âge, un autre facteur entre en jeu : le niveau de diplôme. Selon l’étude BVA, 72% des internautes qui n’ont pas le bac et 64% des employés et ouvriers ont déjà partagé une information en sachant que "la source n’est pas parfaitement fiable" (contre une moyenne de 59% donc). Même surreprésentation pour le partage d’information sans vérifier la source : 58% des internautes qui n’ont pas le bac sont déjà tombés dans le panneau.

Les jeunes davantage trompés. Les "fake news" marchent en deux temps : la diffusion et la réception. Sur ce deuxième point, les jeunes sont une nouvelle fois plus touchés par les fausses informations. Alors que 75% des internautes disent avoir déjà été confrontés à une "fake news" destinée à les influencer, la proportion monte à 81% pour les moins de 50 ans. Et 25% des moins de 35 ans affirment avoir "déjà été induits en erreur par ce type d’information", contre 18% de l’ensemble des Français.

La relation entre jeunes internautes et "fake news" n’est pas spécifique à la France. Selon une autre étude menée aux États-Unis par l’institut Common Sense Media, 56% des jeunes de 10 à 18 ans estiment ne pas savoir différencier une vraie info d’une fausse. Et un adolescent américain sur trois a déjà partagé une information en se rendant compte plus tard qu’il s’agissait d’une "fake news".

Volonté de sensibilisation. Le constat n’est guère enthousiasmant mais n’est pas totalement noir pour autant. En effet, selon le sondage BVA, les jeunes ont conscience de leur vulnérabilité et sont prêts à lutter plus efficacement contre les "fake news". Ainsi, un Français de moins de 35 ans sur deux, contre un Français sur trois en moyenne, estime que l’Éducation nationale devrait proposer des formations aux élèves pour les sensibiliser à la propagation des fausses informations. Les jeunes se prononcent également plus largement en faveur d’actions menées par les médias eux-mêmes pour protéger les lecteurs, spectateurs et auditeurs des "fake news".