Qui a tenté de tuer Yvette Julien ?

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Guillaume Perrodeau
Christophe Hondelatte raconte lundi la tentative d'assassinat d'une nonagénaire, maladroitement dissimulée en cambriolage par le coupable. 

À 90 ans, Yvette Julien a frôlé la mort en 2012. Son agresseur l'avait laissée pour morte à son domicile. Rapidement, les gendarmes creusent une piste qui s’avérera payante, comme Christophe Hondelatte le raconte lundi.

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Une scène de crime étrange. Le 24 juillet 2012 au matin, Yvette Julien est retrouvée chez elle, inanimée, par son aide-ménagère. Lorsque les pompiers arrivent sur place, ils constatent qu'il ne s'agit pas d'un accident domestique. La victime a été frappée lourdement, sur tout le corps et on a tenté de lui tailler les veines. La maison, complètement retournée, laisse penser à un cambriolage qui a mal tourné. Problème, les gendarmes retrouvent de l'argent en liquide, des chéquiers, des bijoux ou encore la carte bleue de la victime. Des cambrioleurs qui ne volent rien ? Étrange. Les autorités s'orientent alors vers une tentative d'assassinat.

La piste des clés. Yvette Julien avait-elle des ennemis ? Non, pas vraiment. Quant à l'enquête de voisinage, elle ne donne rien. La victime, rescapée mais toujours à l'hôpital, n'est pas en mesure de témoigner pour le moment. Les gendarmes vont donc se tourner vers un détail qui les intrigue : la porte n'a pas été fracturée, elle a même été refermée à clé. Les autorités vont interroger tous les détenteurs du double des clés : les deux aides-ménagères, le jardinier et le neveu d'Yvette Julien, Maurice Boiteux, quelqu'un qu'elle considère comme son fils. Ce dernier n'a pas bougé des Vosges où il habitait. Les relevés bancaires et les antennes relais qui ont capté le signal de son portable le confirment, tout comme un de ses employés.

Les gendarmes pensent que l'enquête va aboutir lorsque l'hôpital d'Angers, où séjourne Yvette Julien, les appelle. La victime s'est réveillée. Sauf qu'à 90 ans et après avoir subi une telle agression, elle n'a plus toute sa tête. Aux enquêteurs, elle affirme qu'elle a 33 ans et que l'on se trouve en 1922. Yvette Julien n'a aucun souvenir de l'agression.

Un neveu très dépensier. Alors les autorités vont insister sur une piste qui les intéresse particulièrement, celle du neveu. Il était le légataire universel d'Yvette Julien et elle lui donnait déjà beaucoup d'argent. Il faut dire que l'homme était un flambeur : entre 8.000 et 13.000 euros dépensés par mois, alors qu'il n'en gagnait que 3.000. Sur une année, il a contracté pour près de 100.000 euros de crédit à la consommation. Et Maurice Boiteux était aux abois, il venait de mettre sa maison en vente. Un crime crapuleux pour éponger ses dettes ? Possible, encore faut-il faire tomber l'alibi.

"Oui, je lui ai pardonné". Les gendarmes vont voir l'employé qui dit avoir vu Maurice Boiteux le jour de l'agression. Et face aux enquêteurs, il avoue avoir menti pour couvrir son patron. Immédiatement arrêté, Maurice Boiteux avoue tout. Il a minutieusement laissé son portable chez lui, désactivé le GPS de sa voiture, pris toutes les dispositions pour que son voyage au domicile de sa tante ne laisse aucune trace. Il a voulu la tuer, avec préméditation, pour hériter et bénéficier de l'assurance vie en sa faveur. Le plan initial était de la faire tomber de son lit, mais lorsqu'il est arrivé chez sa tante, elle était déjà réveillée. C'est là qu'il a tenté de l’assommer.

Lors du procès, Maurice Boiteux apparaît rongé par les remords. Il demande la perpétuité et explique qu'il ne fera pas appel. Les jurés le condamneront finalement à 20 de réclusion criminelle. Yvette Julien, elle, est décédée cinq ans plus tard, en 2017, de mort naturelle. En 2013, un an après le drame, elle avait confié : "Oui, je lui ai pardonné. Il n’est pas si mauvais. C’est ce qui me fait de la peine parce qu’il a toujours été gentil."