Dessin de Jean-Philippe Seta, ex-n°2 de Servier (2000x1000) BENOIT PEYRUCQ / AFP 1:25
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Marion Dubreuil , modifié à
Jean-Philippe Seta, ex-bras droit de Jacques Servier au sein des laboratoires du même nom, au cœur du scandale du Mediator, a exprimé des regrets, jeudi, sur la façon dont l'entreprise a géré la crise, tout en minimisant sa propre responsabilité.

Ce jeudi avait lieu la première audition aujourd’hui de Jean-Philippe Seta, poursuivi pour "tromperie aggravée" et "obtention indue d’autorisation" dans le cadre du procès du Mediator, ce médicament coupe-faim commercialisé comme un antidiabétique par les laboratoires Servier pendant 33 ans. L’ex-bras droit de Jacques Servier refuse de porter le chapeau pour les absents et notamment le fondateur du groupe, mort en avril 2014.

Jean-Philippe Seta, costume sombre, pose une pile de dossiers devant lui. À la barre, l’ex-n°2 dit vouloir assumer ses responsabilités. "Je ne conteste pas avoir été le numéro 2", explique le sexagénaire aux cheveux blancs. "Mais nous étions six numéro 2." Il ajoute : "Je n’étais même pas dans le cabinet du président."

"Il est évident que nous n’avons pas fait assez"

Ce médecin pneumologue de formation a fait toutes ses classes chez Servier. Il était aux responsabilités dès les premières alertes sur le Mediator en 1998. "Il est évident que nous n’avons pas fait assez", reconnaît le prévenu. "Nous n’avons pas assez rué dans les brancards." "Mais qu’est-ce qui empêchait de faire un suivi des patients dès 2003 ?", l’interroge alors la présidente. "Rien du tout, sauf le cadre fixé. Nous n’avions alors pas d’indication de l’agence du médicament. Il aurait fallu être carrément anarchiste et nous étions une maison bourgeoise conformiste." L’argument ne convainc pas vraiment le tribunal, ni les rangs des parties civiles.

"Des formules de publicitaires inadaptées à la pharmacie"

La juge lit plusieurs notes internes - à destination des médecins prescripteurs - qui font la promotion du Mediator : "un antidiabétique indispensable", "particulièrement intéressant", alors même que ce médicament était évalué comme un adjuvant, c’est-à-dire sans intérêt particulier. Ces notes sont toutes validées par Jean-Philippe Seta. Un document édité en 2003 incite même à "accélérer envers et contre tout le développement du médicament", malgré les premiers cas suspects. Un peu embarrassé, le prévenu parle "d’excès de langage", de "formules de publicitaires inadaptées à la pharmacie" mais pas de tromperie. 

Quant à l’obtention indue d’autorisation, Jean-Philippe Seta s’en défend purement et simplement. "Je n’étais pas en relation avec les tutelles juridiques administratives et politiques." Sa défense se résume en une formule : "Dans le groupe Servier, il y avait un seul décisionnaire."