Procès du psychiatre d'un schizophrène meurtrier : 18 mois avec sursis requis en appel

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Le tribunal avait déjà reconnu que le Dr Gujadhur avait failli dans le suivi de ce patient. © JEAN-PIERRE MULLER / AFP
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avec AFP , modifié à
En novembre 2008, un patient du centre hospitalier de Saint-Egrève dans l'Isère, autorisé à sortir, avait poignardé à mort un passant dans les rues de Grenoble.

Dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis mardi à Grenoble lors du procès en appel d'un psychiatre, condamné à cette même peine en première instance pour avoir autorisé la sortie d'un patient schizophrène qui a ensuite tué un passant. L'audience, très dense, a duré 12 heures et l'arrêt de la Cour d'appel de Grenoble est attendu pour le 27 mars, a-t-on appris mercredi auprès de l'avocat de la famille du passant, Luc Meunier, Me Hervé Gerbi.

Au cours du premier procès, le tribunal correctionnel de Grenoble avait condamné le Dr Lekhraj Gujadhur, une première en France pour un praticien hospitalier. Aujourd'hui septuagénaire et retraité, le médecin avait fait appel de cette décision. Le centre hospitalier de Saint-Egrève (Isère), où le malade était pris en charge, avait lui été relaxé.

Psychose délirante chronique. Le 12 novembre 2008, Jean-Pierre Guillaud, 56 ans, atteint de psychose délirante chronique depuis près de quarante ans et déjà auteur d'agressions à l'arme blanche, mais autorisé à des sorties non surveillées dans le parc du centre hospitalier, s'en était échappé sans difficulté. Il prenait alors le car pour Grenoble à une dizaine de kilomètres, achetait un couteau dans une quincaillerie du centre-ville et tuait le premier venu dans la rue, Luc Meunier, 26 ans, qui finissait un doctorat en génie mécanique.

Le médecin ne connaissait pas le dossier du patient. Le tribunal avait reconnu que le Dr Gujadhur avait failli dans le suivi de ce patient connu pour sa dangerosité en n'ayant pas pris connaissance de son dossier durant les deux années où il était hospitalisé dans le pavillon dont il avait la responsabilité de fait. En 2012, une psychiatre libérale avait été condamnée à de la prison avec sursis à Marseille dans une affaire similaire, avant d'être relaxée en appel pour cause de prescription des faits.