Une première victime a répondu aux questions de la cour et de la défense (Illustration). 1:36
  • Copié
Lionel Gougelot, édité par Gauthier Delomez avec AFP
Une première victime, âgée de 75 ans, a témoigné mercredi au procès de Dino Scala pour viols et agressions sexuelles. "Il m'a bousillé ma vie, avec mon mari et mes enfants", a-t-elle notamment lancé. La victime a quitté la salle en larmes, éprouvée par les questions de la cour et de la défense.

"Il m'a bousillé ma vie" : une première victime, âgée de 75 ans, a témoigné mercredi au procès de Dino Scala pour viols et agressions sexuelles, avant de quitter la salle en larmes, éprouvée par les questions de la cour et de la défense. Ce jour d'octobre 1991, âgée de 45 ans, "je travaillais dans les écoles primaires, à Maubeuge. On commençait vers 6 heures du matin", débute, d'une voix tremblante, cette petite femme fluette aux cheveux blancs, appuyée sur une canne devant la Cour d'assises de Douai.

"J'adressais même plus la parole à mes enfants"

"J'attendais ma collègue de travail (...) Je me suis fait agresser par un homme, qui m'a attrapée par le bras et m'a emmenée dans un local poubelle", explique-t-elle. "Il m'a plaquée contre le mur, il m'a attrapée par la gorge, il m'a griffé le visage. J'ai crié 'au secours, ne me tuez pas, j'ai des enfants'", s'étrangle-t-elle. L'homme "a essayé de passer sa main dans mon jean, mais il n'a pas réussi. J'avais peur, j'étais terrorisée". Elle ne se souvient plus pourquoi il a finalement renoncé, "les années ont passé" s'excuse-t-elle presque.

Puis elle craque, en larmes : "il m'a bousillé ma vie, avec mon mari et mes enfants". "J'adressais même plus la parole à mes enfants", "je ne voulais pas le dire". "Mon mari, il essayait de me réconforter, et je ne voulais même plus qu'il me touche". Elle regrette qu'on ne lui ait proposé ni suivi psychologique, ni gynécologique, "on m'a envoyé au docteur c'est tout".

Une contradiction pointée par le président de la Cour

Le président reprend alors sa première déposition, pointant des contradictions, elle tend l'oreille, entend mal. "Vous aviez été entendue tout de suite (...) mais réinterrogée par la PJ, 27 ans après, vous dites complètement autre chose", lui lance-t-il. "A l'époque vous dites : je suis tombée de vélo". "Je n'ai jamais dit ça" réplique-t-elle. "Vous dites : 'il a une grosse moustache'", continue-t-il de lire, tandis qu'elle s'effondre. "Je n'ai pas menti, ça je vous l'assure", tremble-t-elle. Puis dans un aparté à son avocate Fanny Bruyerre : "alors, c'est moi l'accusée ?"

La défense multiplie à son tour les questions: "vous disiez" qu'il vous avait touchée "par dessus le pantalon". "Il n'a pas réussi à déboutonner", tente encore de répondre la plaignante. Avant de décider que "ça suffit". Elle quitte la salle en larmes, au bras d'une proche, déclenchant une passe d'armes entre avocats.

Une brève suspension d'audience

Après une brève suspension d'audience, elle remonte à la barre face à la défense, avant de renoncer à nouveau, "je ne me sens pas bien". "Je ne suis pas l'agresseur de cette dame", a ensuite assuré Dino Scala. Le mode opératoire n'est pas le sien, selon lui.

L'accusé, qui comparaît pour 17 viols, 12 tentatives de viol et 27 agressions ou tentatives d'agression sexuelle, en conteste toujours une partie. Sur les quatre agressions examinées mercredi, il n'en reconnaîtra qu'une, qu'il niait jusqu'alors.Et dit n'avoir "pratiquement aucun" souvenir des visages de ses victimes.