La torture davantage acceptée en France depuis les attentats

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Des matraques électrifiées utilisées en Chine. Image d'illustration. © ROBIN BALLANTYNE / AMNESTY INTERNATIONAL / AFP
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avec AFP , modifié à
54% des Français trouvent justifié qu'un policier torture une personne présumée terroriste, selon un sondage publié mardi.

La possibilité de la torture est acceptée par plus d'un Français sur deux, dans le contexte des attentats djihadistes de 2015, selon un sondage de l'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), à l'occasion de son rapport annuel sur le phénomène tortionnaire dans le monde publié mardi.

"Les digues cèdent les unes après les autres". "On se doutait qu'il y avait une acceptation de plus en plus grande de la torture, dans le contexte de la montée du terrorisme, mais on ne se rendait pas compte que l'évolution était aussi dramatique", a commenté le délégué général de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, Jean-Etienne de Linares. "Par rapport à l'interdit absolu de torturer, les digues cèdent les unes après les autres : acceptabilité plus grande dans l'opinion, discours guerrier, complaisance à l'égard d'Etats pratiquant la torture comme le Maroc...", a-t-il aussi déploré.

18% capables eux-mêmes de torturer. Ainsi, 54% des Français interrogés considèrent comme justifié qu'un policier envoie des décharges électriques sur une personne soupçonnée d'avoir posé une bombe prête à exploser pour la faire parler. Ils n'étaient que 34% en 2000 (sondage CSA pour Amnesty International). Pour 36% des personnes interrogées, on peut accepter "dans certains cas" le recours à des actes de torture, une hausse de 11 points par rapport à 2000. Et 18% d'entre elles se sentiraient capables de pratiquer la torture dans des cas exceptionnels.

Une pratique "pour faire du chiffre". Cette évolution d'une partie de l'opinion publique française, vue comme une "tolérance croissante à l'égard de la pratique de la torture d'Etat", va de pair avec une méconnaissance du phénomène tortionnaire, selon l'Acat. "Les Français ne se rendent pas compte qu'un Etat sur deux est un Etat tortionnaire qui utilise au quotidien ces méthodes pour opprimer ses opposants et faire avouer des suspects de droit commun", souligne Jean-Etienne de Linares. "Si la torture est une pratique quotidienne dans beaucoup de pays, c'est d'abord parce que des policiers mal formés et mal payés l'utilisent comme une méthode d'enquête", afin d'obtenir des aveux et de "faire du chiffre", notent aussi les auteurs du rapport.