PMA, bioéthique : les "antis" se préparent à livrer bataille

© OLEXANDER ZOBIN / AFP
  • Copié
, modifié à
A quelques jours d’un avis décisif du Comité national d’éthique, la Manif pour tous organise samedi ses universités d’été. Les évêques de France sont, eux, déjà passés à l’offensive contre la PMA.

Se dirige-t-on vers un "remake" de 2013, année marquée par les mobilisations anti-mariage pour tous ? Concrétisation d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le projet de révision des lois bioéthiques doit être présenté en novembre en Conseil des ministres, pour un début de débat parlementaire attendu en 2019. Si l’on ignore encore les détails du futur texte – autorisera-t-il, par exemple, la congélation d‘ovocytes ? -, certains points ne font quasiment plus de doute, à commencer par l’ouverture de la PMA (procréation médicale assistée) aux femmes seules et aux couples de femmes. Sans attendre la présentation du texte, les opposants à cette mesure, eux, fourbissent déjà leurs armes.

La Manif pour tous se tient prête. Le sujet sera d’ailleurs au centre de l’université d’été de la Manif pour tous, qui se tient samedi. "Avec la ‘PMA sans père’, on est au cœur du sujet qui heurte le plus les Français, soit le sujet du respect des droits et des besoins fondamentaux de l’enfant", lançait la porte-parole du mouvement, Ludivine de la Rochère, vendredi dans les colonnes du Figaro. Celle-ci l’assure, son mouvement est prêt pour mener bataille. "Nous avons des équipes constituées, des volontaires actifs en permanence" et "un réseau de milliers de personnes qui ne demandent qu'à se mettre au travail", assure-t-elle. Les opposants pourront aussi compter sur l’Alliance Vita, l’une des associations  les plus virulentes lorsqu’il s’agit de lutter contre les évolutions sociétales : l’association organise déjà des réunions et des évènements de sensibilisation depuis plusieurs mois.

Les évêques donnent de la voix. S’ils refusent toute récupération politique de leurs déclarations, les évêques de France ont également fait entendre leur opposition cette semaine, dans un texte où ils mettent en avant l'importance de la "référence paternelle". "L'Eglise catholique, soucieuse de la valeur de la fraternité, tient à faire connaître son inquiétude sur la société que préparerait une évolution législative étendant l'usage des techniques" de PMA, souligne la Conférence des évêques de France dans un communiqué publié jeudi. Une telle extension "écarte dès le principe la référence biologique et sociale à un père", écrit l'épiscopat dans cette déclaration, évoquant des "obstacles éthiques majeurs".

" La GPA, ce n'est absolument pas la même problématique, arrêtons de tout mélanger "

Un avis crucial attendu mardi. Cette déclaration intervient moins d’une semaine avant la remise, mardi, d’un rapport du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), sur lequel le gouvernement veut s’appuyer pour faire son projet de loi. Mais avant même la publication de ce rapport, la ministre de la Santé et des Affaires sociales a appelé vendredi à ce que le "débat ne soit pas hystérisé", assurant au passage que la PMA "n’avait rien à voir avec la GPA (gestation pour autrui)". Face à ceux qui craignent que l’extension de la PMA soit la dernière étape avant la légalisation de cette procédure, la ministre assure : "C'est totalement faux, le président de la République l'avait dit lors de sa promesse".

La GPA, le fait d'utiliser "le corps d'une femme pour lui faire porter un enfant qu'elle ne gardera pas", "rentre dans la marchandisation du corps humain", a souligné Agnès Buzyn. "C'est quelque chose sur laquelle les lois de bioéthique française sont très strictes. Ce n'est absolument pas la même problématique, arrêtons de tout mélanger", a encore insisté la ministre, rappelant que les mères porteuses ne figuraient pas dans les mesures discutées. "Ce n'est pas le sujet", conclut-elle.

Les opposants parviendront-ils à mobiliser ? Mais l’argument, déjà prononcé par Emmanuel Macron durant sa campagne, ne convainc pas les opposants, qui entendent bien maintenir la pression. Jusqu’à défiler massivement dans la rue ? Pour l’instant, rien n’est moins sûr. Dans les sondages d’opinion, les Français se montrent majoritairement favorables (60% en moyenne, en constante augmentation) à une extension de la PMA. Et sur le terrain, l’enthousiasme semble aussi perdre du terrain. "Je ne retournerai pas dans la rue, les familles homoparentales sont entrées dans les mœurs", assure au Figaro une manifestante de 2013. "Le PMA, c’est trop technique, trop complexe pour manifester", poursuit un autre. Pour mobiliser, les "antis" devront donc peut-être trouver un autre mot d’ordre que l’opposition à cette seule mesure.