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Tatiana Gieselmann // Crédit photo : FREDERICK FLORIN / AFP , modifié à
La choucroute est menacée. En Alsace, la sècheresse et la chaleur ralentissent la croissance des choux. Les exploitants doivent donc arroser leurs champs, augmentant leurs coûts de production. Les choucroutiers, qui s'occupent de transformer le chou, se retrouvent bloqués entre les prix des producteurs, et la grande distribution qui tire les prix vers le bas. 

Après un temps morose sur une grande partie du pays, les températures regrimpent en France. Déjà 19 départements ont été placés en alerte orange canicule par Météo France ce vendredi. Ces fortes chaleurs vont certainement accentuer le phénomène de sécheresse et inquiéter les agriculteurs, et notamment ceux d'Alsace. Dans le département, la production de la choucroute, produit phare, est à la peine, faute de pluie. 

Des choux plus petits à cause de la sècheresse 

À Krautergersheim, capitale de la choucroute, impossible de ne pas remarquer cette odeur de chou fermenté qui flotte dans l'air depuis deux semaines. La récolte bat son plein. "Là, on a des choux de 6-7 kilos. C'est un beau chou quand même. On a quand même réussi à produire de beaux choux malgré les conditions climatiques. Mais par le passé, ils pouvaient atteindre dix kilos", explique Philippe Buchmann, qui en cultive 18 hectares. 

Une baisse de taille causée notamment par la chaleur. "Au-dessus de 32 degrés, le chou, il n'aime pas ça. Il arrête de pousser", poursuit le cultivateur, soulignant également que la sécheresse s'accentue d'année en année. "L'an dernier, ça a été déjà assez sec. Mais cette année, ça a été encore plus sec", assure Philippe. Alors, pour sauver sa récolte, il a irrigué ses champs déjà plus de sept fois depuis le début du printemps. 

Disparition des choucroutiers

"L'an dernier, le coût de production était à 117 euros par tonne. Cette année, il est de 128 euros", confie le producteur de choux. Et cette hausse de 10% se répercute ensuite sur les choucroutiers qui font fermenter la crucifère. Pour Thibert Rieffel, quatrième génération de choucroutiers à Krautergersheim, l'équation devient difficile à tenir.

"Nous, on est transformateurs. Donc c'est vrai, on a le producteur au départ qui demande son prix. Le problème, c'est qu'on a parfois derrière nous les distributeurs, les supermarchés qui pressent un peu les prix", s'inquiète-t-il. Résultat, le métier séduit de moins en moins. Alors que la commune comptait près de 25 choucroutiers il y a encore une dizaine d'années, ils ne sont aujourd'hui plus que cinq à perpétuer la tradition alsacienne.