Perquisition à Mediapart : Matignon a transmis des informations au parquet permettant l'ouverture de l'enquête

Les journalistes de Mediapart se sont opposés à une perquisition à leur rédaction.
Les journalistes de Mediapart se sont opposés à une perquisition à leur rédaction. © AFP
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Selon les informations du "Monde", le directeur de cabinet d'Edouard Philippe a lui même transmis au procureur de Paris des informations obtenues auprès de journalistes, permettant au parquet d'ouvrir une enquête contre "Mediapart" et d'organiser une perquisition controversée. 

La polémique continue d'enfler, deux jours après la tentative de perquisition de Mediapart dans le cadre de l'affaire Benalla et des enregistrements clandestins de l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron et de Vincent Crase révélés par le site. Et selon les informations du Monde, l'entourage du Premier ministre Edouard Philippe serait directement à l'origine de l'ouverture de l'enquête contre le site d'investigation, pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception de télécommunications ou de conversations".

Dans un article publié mercredi, alors que le parquet avait seulement indiqué avoir été "destinataire d'éléments ayant justifié l'ouverture d'une enquête préliminaire", Mediapart affirme que ces informations ont été fournies par Matignon, après avoir été obtenues auprès de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, qui voulait interroger les services du Premier ministre le 31 janvier. Car "l'hebdomadaire croit savoir que la conversation enregistrée entre Benalla et Crase a eu lieu dans l’appartement de la responsable du groupement chargé de la sécurité du Premier ministre, le GPSM, et se demande si les enregistrements révélés par Mediapart ne seraient pas des écoutes administratives - comprendre : réalisées par un service de renseignement", écrit encore le site d'investigations.

Matignon évoque un souci de "transparence". Selon Le Monde, c'est le directeur de cabinet du Premier ministre lui-même, Benoît Ribadeau-Dumas, qui a informé le procureur de Paris Rémy Heitz des informations émanant des journalistes de Valeurs actuelles. Contacté par le quotidien, Matignon évoque un souci de "transparence". Les services du Premier ministre affirment avoir vérifié "qu'aucune écoute administrative n'avait été autorisée concernant les protagonistes cités pendant la période des faits", et ont "bien évidemment transmis l'ensemble des ces informations au procureur de Paris".  

"Il s'agit simplement de partager en toute transparence avec la justice des éléments de réponse transmis à la presse et qui sont susceptibles de concerner une affaire judiciaire en cours", avance encore Matignon. Et d'interroger : "Qui comprendrait que Matignon réserve à la presse des informations que la justice pourrait estimer utile ?".

L'opposition et la presse dénoncent la perquisition. L'opposition s'est alarmée mardi de la tentative de perquisition de Mediapart lundi, après la diffusion fin janvier d'une conversation entre l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron et Vincent Crase, ex-employé de LREM et gendarme réserviste, quelques jours après leur mise en examen en juillet. Des élus de droite comme de gauche ont vu dans l'enquête ouverte contre le média en ligne une "dérive autoritaire". Des journalistes de nombreux médias français, dont Europe 1, ont exprimé leur préoccupation et leur solidarité avec Mediapart, dénonçant dans une tribune "une tentative particulièrement inquiétante d'attenter au secret de leurs sources".