Pédophilie dans l'Eglise : pour la Conférence des évêques, pas d'"omerta", mais une phase d'"aveuglement"

Olivier Ribadeau Dumas
Olivier Ribadeau Dumas était auditionné mardi par la mission du Sénat. (photo d'archives) © JANEK SKARZYNSKI / AFP
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avec AFP
Mgr Ribadeau Dumas, porte-parole de la Conférence des évêques, a insisté mardi devant une mission du Sénat sur le fait qu'il "n'y a pas eu de système généralisé d'omerta" sur les abus sexuels commis par des prêtres. 

Le porte-parole de la Conférence des évêques (CEF) Olivier Ribadeau Dumas a réfuté toute "omerta" dans l'Église vis-à-vis des abus sexuels commis par des membres du clergé, mais a reconnu une phase de "surdité" et "d'aveuglement", qui a "petit à petit changé". Mgr Ribadeau Dumas était auditionné par la mission du Sénat portant sur les "infractions sexuelles" commises sur des mineurs dans différentes institutions (cultes, associations, éducation, etc). "Le nuage de Tchernobyl ne s'est pas arrêté à nos frontières et je veux redire à toutes les personnes victimes ma profonde honte, celle de tous les évêques pour ce qui est advenu, ma tristesse et ma douleur que nous n'ayons pas pu agir plus tôt, mieux, et avec plus de rigueur", a-t-il déclaré.

"Il y a eu un déni". Le porte-parole a toutefois réfuté "le mot d'omerta, que l'on invoque parfois pour parler de l'attitude des responsables de l'Église dans le traitement de ces affaires. Il n'y pas eu de système généralisé et organisé d'omerta et ce en raison même de l'organisation de l'Église qui fait que chaque évêque est le responsable de ce qui se passe dans son diocèse". "S'il n'y pas eu d'omerta, il y a eu cependant dans une première phase une surdité, un aveuglement devant la souffrance parfois inexprimée des victimes", a-t-il affirmé, citant le début des années 2000 et l'affaire Pican, du nom d'un prêtre condamné pour non-dénonciation. "Il y a eu un déni, l'impossibilité d'admettre et de croire que de tels faits puissent se produire au sein du clergé."

Commission d'enquête dans trois mois. "Cette logique, cette culture de surdité et d'aveuglement a, petit à petit, changé", a jugé le porte-parole des évêques, citant comme "éléments importants" la révélation des faits reprochés à l'abbé Preynat à Lyon et "l'action courageuse des victimes", qui se sont regroupées dans l'association La Parole libérée en 2015, le "travail déterminé des journalistes et des enquêteurs", ce qui a "heureusement contribué à faire céder cette attitude". La CEF a par ailleurs accepté de créer une commission chargée par l'épiscopat d'enquêter sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église depuis les années 1950. Présidée par l'ancien vice-président du Conseil d'État Jean-Marc Sauvé, elle sera opérationnelle d'ici trois mois.