Pédophilie dans l'Église : plusieurs personnalités signent un appel pour une commission d'enquête parlementaire

Les révélations d'affaires d'abus sexuels se multiplient au sein de l'Eglise catholique. Image d'illustration.
Les révélations d'affaires d'abus sexuels se multiplient au sein de l'Eglise catholique. Image d'illustration. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP
Selon les signataires de l'appel, "seule une commission d'enquête a le pouvoir de faire la lumière sur le passé pour éviter qu'il ne se reproduise". 

Plusieurs personnalités, dont deux ex-ministres, et des victimes ont rendu public samedi un "appel" à la création d'une commission d'enquête parlementaire" afin de "faire toute la transparence sur les crimes de pédophilie et leur dissimulation dans l'Église catholique" en France.

"À côté des procédures judiciaires qui permettront de sanctionner les crimes et les délits individuels, du moins quand ils ne sont pas prescrits, seule une commission parlementaire a le pouvoir de faire la lumière sur le passé pour éviter qu'il ne se reproduise", affirment les auteurs de l'appel qui sera publié vendredi dans Témoignage chrétien.

Les anciennes ministres Roselyne Bachelot et Laurence Rossignol parmi les signataires. Une telle commission pourrait exiger "la communication des archives diocésaines" et permettre d'informer la justice de "faits dont celle-ci n'aurait pas eu connaissance", écrivent les signataires.

Parmi eux figurent les avocats Jean-Pierre Mignard et William Bourdon, le dominicain et psychanalyste Laurent Lemoine, les fondateurs de l'association de victimes La parole libérée, François Devaux et Alexandre Dussot-Hezez ou l'ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot-Narquin.

Parmi les soutiens, on compte l'ex-ministre de la Famille et actuelle sénatrice Laurence Rossignol, le député LREM Jacques Maire et le père Vignon, qui a récemment lancé une pétition pour demander la démission du cardinal Barbarin.

"Ce ne sont pas seulement des responsabilités individuelles qui sont en cause". Selon eux, l'Église catholique, qui "participe à des missions d'intérêt général et bénéficie à ce titre d'aides publiques ou fiscales", doit, "de façon urgente, rendre des comptes. Elle doit le faire devant la justice mais aussi devant la représentation nationale, car ce ne sont pas seulement des responsabilités individuelles qui sont en cause, mais aussi (...) tout un système".

Soulignant que "nul ne peut être juge et partie" - "Comment ceux qui ont couvert ces dérives pourraient-ils faire ce travail de vérité ?"-, les signataires font valoir que plusieurs scandales de pédophilie ont été mis au jour par des "instances indépendantes de l'institution ecclésiale" comme la Commission d'enquête royale en Australie, le grand jury de l'État de Pennsylvanie aux États-Unis, ou la Commission Ryan en Irlande, qui ont révélé "un système de mensonge organisé au niveau des responsables - c'est-à-dire des évêques".

"Le silence assourdissant de la hiérarchie catholique". "Aujourd'hui, dans notre pays, l'Église catholique se contente de répéter les mots du pape sans prendre d'initiative significative pour rechercher les crimes qui n'auraient pas été dénoncés et surtout leurs causes institutionnelles et structurelles", regrettent-ils. Et d'appeler à "faire cesser un immense [scandale], celui du silence assourdissant de la hiérarchie catholique".

L'appel sera consultable à l'adresse htpp://pedophilieeglise.wesign.it.