Une victime de pédocriminalité dans l'Église dénonce la contrition qui n'est pas suivie d'actes. 10:57
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Bertrand Virieux, victime du père Preynat et cofondateur de l'association La Parole libérée, a réagi mardi sur Europe 1 à la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église. Selon lui, si ce document est "irréprochable" dans son approche et son constat, il est temps de passer aux actes pour mettre fin à ce fléau.

Les mots sont forts, ce mardi, pour réagir à la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église. Notamment ceux, sur Europe 1, de Monseigneur Bruno Valentin, évêque auxiliaire du diocèse de Versailles, qui a confié sa "honte" face aux chiffres contenus dans le document, qui fait état de 216.000 victimes en France depuis 1950. Mais les mots ne sont plus assez pour ces victimes justement. "On a tellement entendu de bonnes déclarations d’intention... et n’a toujours pas d’acte", a réagi Bertrand Virieux, lui-même victime du père Preynat, dans la foulée sur notre antenne.

"Je suis très circonspect"

Celui qui est également cofondateur de l'association La Parole libérée a rappelé que les éditions Golias, "revue catholique contestatrice", faisaient déjà état il y a une douzaine d'années "de 20.000 prêtres dont les dossiers pour pédophilie étaient en souffrance au Vatican". "Le rapport Sauvé m'y a tout de suite fait penser. Il est très bien fait, techniquement irréprochable, mais on se retrouve à nouveau avec des expressions comme 'sidéré', 'ébranlé'... Moi j'ai vu passer une douzaine d'années avec les mêmes mécanismes, l'indicible vite remis sous le tapis au bout de quelques semaines."

Bertrand Virieux a donc beau "croire encore à la pureté, la sincérité de certains", il reste "très circonspect". "Déjà dans le passé, des évêques ont demandé publiquement pardon."

Une prise de parole du pape

Pour Bertrand Virieux, ce rapport Sauvé est donc tout sauf une surprise. "Les statistiques, c'est quelque chose. La réalité, c'est autre chose." Inutile de mettre en avant l'indemnité financière à laquelle l'Église réfléchit. "Cela reste une forme de compensation à défaut d’autre chose. Quand on parle de 300.000 victimes, j’ai beaucoup de mal à imaginer qu’une indemnité décente par victime puisse être attribuée."

Lui préfèrerait "un acte qui pourrait relever du pape". Car aujourd'hui, "on se retrouve à nouveau englué dans une situation où le Vatican reste quasiment mutique", estime-t-il. "Le pape est à quelques centaines de kilomètres, il connait la situation, il pourrait s’exprimer publiquement et je pense que cela aurait un impact fort."