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Alexis Patri
Corps, couple, sexualité, les domaines d'injonctions faites aux femmes sont nombreux. La réalisatrice Ovidie a décidé avec Sophie-Marie Larrouy de les dénoncer par l'humour dans sa websérie animée "Libres !", diffusée sur Arte. Dans "Ça fait du bien", elle explique ce projet, inspiré d'une bande dessinée de Diglee.
INTERVIEW

Tabous des poils et du sang menstruel, pression à être en couple et à tout faire pour le rester, obligation à incarner à la fois les stéréotypes de la maman et de la putain… La liste des injonctions faites aux femmes et à leur corps est longue. La réalisatrice Ovidie a choisi l'humour pour les dénoncer dans sa websérie animée Libres !, diffusée sur Arte. Elle en profite pour donner un libérateur cours d'éducation sexuelle. Invitée de Ça fait du bien jeudi, elle explique ce projet, dans lequel on retrouve notamment la voix d'Emilie Mazoyer d'Europe 1.

Pour Ovidie, ces injonctions s'expriment par toute une série de biais, et notamment dans la presse féminine. "On voit que les femmes aussi peuvent répéter cette pression que l'on se met déjà. On doit répondre à toute une série d'injonctions." Des pressions qui portent notamment sur le corps. "Cela représente un coût de temps de dingue. Ne serait-ce que pour s'épiler le fameux sillon inter-fessier, par exemple. Et puis ça fait mal accessoirement !", dénonce-t-elle.

"Quand on est une femme, une femme hétéro en tout cas, ça a un coût de se rendre sexuellement intéressante. On achète de la lingerie, des crèmes antirides, etc.", ajoute-t-elle.

"Une femme qui fait du 42 a moins de chance d'être embauchée"

Dans cette websérie en 10 épisodes de 3 minutes, Ovidie confie aussi ses propres difficultés de parcours. Et notamment ses troubles alimentaires. "C'est probablement l'épisode où je parle le plus de moi et de ma propre histoire, puisque je raconte que je prends de l'aspartame depuis 1986, donc depuis l'âge de 6 ans", explique la documentariste. "Je raconte comment j'ai passé toute ma vie à me battre contre les troubles alimentaires, dès le plus jeune âge. J'essaie de décortiquer ça pour essayer de comprendre d'où ça vient."

Selon elle, il existe une vraie hypocrisie entre le message fait aux femmes d'assumer leur corps et la représentation faite de ce dernier dans la société. "Statistiquement, une femme qui fait du 42 a moins de chance d'être embauchée qu'une femme qui fait du 38", rappelle-t-elle. "Il y a encore tout un tas de discriminations autour de cette question."

Et même la récente émergence des mannequins dites "grandes tailles" ne règle pas la question. "C'est toujours des femmes rondes avec une taille fine, des hanches très marquées, qui ont les seins fermes", observe-t-elle.

Mensonges sur les pratiques sexuelles

À ces pressions faites aux corps des femmes, il faut ajouter celles qui entourent le couple. "Il y a encore cette idée que c'est aux femmes d'œuvrer pour le développement durable du couple", analyse-t-elle. "Il faudrait absolument tout faire pour maintenir la relation. En général, c'est aussi à nous de pimenter la sexualité." Et cette sexualité n'échappe pas à l'hypocrisie sociale.

Dans Libres!, Ovidie démontre que les personnes sondées mentent systématiquement dans les sondages faits sur le sujet. "Les hommes vont avoir tendance à surévaluer certaines pratiques tabous mais valorisées, comme la sodomie, là où les femmes vont avoir tendance à les minimiser", explique-t-elle.

Les 10 épisodes de 3 minutes de la websérie Libres ! d'Ovidie et Sophie-Marie Larrouy sont disponibles sur le site arte.tv.