«S'attaquer aux racines du sexisme» : ce qu'il faut retenir du rapport annuel du Haut Conseil à l'égalité

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Ophélie Artaud / Crédit photo : Morgan Bisson / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes a publié ce lundi son sixième rapport annuel sur l'état des lieux du sexisme en France. Avec un constat pessimiste : le sexisme est toujours bien ancré, et ce, dans toutes les sphères de la société. Les stéréotypes de genre continuent aussi de se renforcer.

Le sexisme ne faiblit pas en France, et ce, dans toutes les sphères de la société. C'est ce que révèle le sixième rapport annuel sur l'état des lieux du sexisme en France, publié ce lundi par le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE). "Le sexisme commence à la maison, continue à l'école et explose en ligne", souligne le rapport. La différenciation des traitements entre les femmes et les hommes et les clichés de genre commencent ainsi au plus jeune âge, et se poursuivent tout au long de la vie, de l'école au monde du travail.

Selon le HCE, les inégalités débutent dès l'enfance : deux tiers des femmes estiment par exemple avoir été éduquées différemment, ou ne pas avoir reçu les mêmes jouets en fonction de leur genre (seulement 3% des hommes ont reçu des poupées, et 4% des femmes, des petites voitures). Plus généralement, 21% des interrogés estiment qu'ils ou elles n'ont pas été éduqués de la même manière à tous les niveaux, en raison de leur genre ; et 62% des filles de 15 à 24 ans considèrent qu'elles ne sont pas éduquées de la même manière que leurs frères. Les femmes étaient aussi bien plus nombreuses à participer aux tâches domestiques quand elles étaient enfants (trois quarts des femmes contre 42% des hommes).

74% des femmes n'ont jamais envisagé de faire un métier scientifique

Le sexisme "se cristallise" à l'école, explique ensuite le HCE, où plus d'une personne interrogée sur deux considère que les femmes et les hommes n'y connaissent pas le même traitement. Cela est d'autant plus visible au moment du choix de l'orientation professionnelle, où 74% des femmes déclarent n'avoir jamais envisagé de se diriger vers des études ou un métier scientifique (contre 41% pour les hommes). Le rapport évoque également le sexisme en milieu scolaire : plus de la moitié des personnes interrogées (51%) déclarent que des situations sexistes n'ont pas été condamnées par les enseignants. De ce constat en découle un autre : deux tiers des personnes interrogées n'ont jamais suivi une seule séance d'éducation sexuelle et affective, écrit le HCE, durant lequel la déconstruction des stéréotypes de genre est abordée.

Enfin, le rapport du HCE se concentre sur le numérique, où le sexisme est "amplifié". Premier chiffre révélateur : pour 72% des femmes de 15 à 24 ans et plus de la moitié de la population globale, les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière sur les réseaux sociaux. Les contenus postés sur les principales plateformes renforceraient les stéréotypes de genre (c'est par exemple le cas de 68% des contenus les plus vus d'Instagram) : les femmes y sont souvent représentées dans les milieux privés, avec une forte injonction à la maternité. Selon le rapport du HCE, on y retrouve beaucoup de femmes dans leur rôle maternel, enceintes ou avec des enfants en bas âge.

90% des contenus pornographiques présentent des violences envers les femmes

Le HCE dénonce une nouvelle fois "les ravages" de l'industrie pornographique, dont 90% des contenus "présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles et verbales envers les femmes". D'autant que selon le rapport, seule la moitié des personnes interrogées trouvent l'image des femmes véhiculée par le porno problématique, et 64% des 25-34 ans déclarent que la pornographie donne envie de reproduire les gestes sexuels observés, et qu'il ne faut pas la diaboliser.

Les stéréotypes de genre se renforcent eux aussi : les clichés masculinistes continuent de progresser, avec l'idée prédominante que les hommes doivent prendre soin financièrement de leur famille pour être respectés dans la société (70% des hommes et 63% des femmes le pensent), qu'un homme doit savoir se battre ou avoir beaucoup de partenaires sexuels. Les stéréotypes féminins diffusent quant à eux l'idée que les femmes doivent être sérieuses, discrètes, qu'elles aient des enfants et peu de partenaires sexuels.

Pour le HCE, il faut désormais "s'attaquer aux racines du sexisme". Pour le conseil, cela passe par trois axes : mieux éduquer les jeunes à l'égalité entre les femmes et les hommes, réguler les contenus numériques et sanctionner les propos ou actes sexistes.