Une manifestation des anti pass sanitaire à Nantes. 1:39
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Europe1.fr avec Claire Leys et AFP , modifié à
Des dizaines de milliers d'opposants de tous bords au pass sanitaire ont manifesté pour le cinquième samedi d'affilée dans toute la France "pour la liberté de choisir", après la généralisation du dispositif dans la plupart des lieux publics.

De Paris à Marseille et de Lille à Bordeaux, quelques centaines de milliers d'opposants de tous bords au pass sanitaire ont manifesté pour le cinquième samedi d'affilée "pour la liberté de choisir", après la généralisation du dispositif dans la plupart des lieux publics. Un total de 214.845 personnes ont manifesté partout en France, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contre 237.000 personnes le week-end dernier, le plus haut du mouvement lancé au cœur de l'été.

"Les gens vont se faire vacciner en pleurant"

Dans la capitale, où les autorités ont décompté 13.900 manifestants, les deux principaux cortèges ont battu le pavé derrière un large éventail de mots d'ordre tels que "libérons la France", "stop coronafolie" ou "reprends ton pass Macron et dégage". "De devoir présenter un pass pour aller au bar, à l'hôpital, au cinéma, on ne peut plus rien faire. Les gens vont se faire vacciner en pleurant, j'ai une amie qui s'est sentie violée", lâche au micro d'Europe 1 une manifestante de l'un des deux cortèges parisiens.

"On est de plus en plus nombreux, c'est très encourageant. Le gouvernement doit faire attention pour que la 'minorité', comme ils nous nomment avec mépris, ne se transforment pas en minorité des ultras avec de la violence", lance une autre.

Au moins 47.700 manifestants, selon la police, ont également défilé samedi dans le Sud-Est, sans incident. Ils étaient 22.000 à Toulon (19.000 la semaine dernière) et 6.000 à Nice (10.000 le 7 août).

Quelque 7.500 personnes ont défilé à Montpellier, 6.000 à Marseille, 3.000 à Lyon et 2.650 à Lille, une affluence comparable à celle du week-end précédent, et encore 4.200 à Bordeaux, contre 3.300 la semaine passée, selon les préfectures.

Une manifestation hétéroclite

Entamée au cœur de l'été, cette mobilisation antigouvernementale hétéroclite n'en finit plus de grossir. Sur l'ensemble du territoire, ils étaient un peu plus de 237.000 la semaine dernière, selon le ministère de l'Intérieur, plus du double de l'ampleur des débuts du mouvement mi-juillet.

Les manifestants accusent le gouvernement de sous-estimer la protestation anti-pass sanitaire. Le collectif militant Le Nombre Jaune, qui publie un décompte ville par ville, a recensé samedi dernier plus de 415.000 participants "minimum" en France.

Quelque 250.000 personnes sont encore attendues dans les rues ce week-end, selon une source policière.

Un "mouvement dont on parle beaucoup trop", selon Véran

Sans incident majeur jusque-là, la contestation attire aussi bien familles et primo-manifestants apolitiques que soignants ou pompiers en tenue et dépasse la seule mouvance anti-vaccin ou complotiste. Une frange de ce mouvement très divers, sans véritable tête, assume un antisémitisme décomplexé, pendant que certains centres de vaccination ou pharmacies sont  traités de "collabos" et victimes d'actes de malveillance.

Ces accusations agacent le gouvernement, confronté à une explosion meurtrière de l'épidémie en Guadeloupe et en Martinique. Depuis la Martinique reconfinée, le ministre de la Santé Olivier Véran a fustigé jeudi un mouvement "dont on parle beaucoup trop", et qui arbore "des pancartes extrêmement bariolées et des motifs parfois extrêmement douteux, voire complètement crades."

L'exécutif espère toujours convaincre les indécis pour atteindre l'objectif de 50 millions de Français ayant reçu une première injection à la fin du mois d'août, en brandissant la situation catastrophique aux Antilles comme un repoussoir.