Nucléaire/Areva : certaines anomalies de l'usine du Creusot s'apparentent à des "falsifications"

Un audit mené par Areva avait révélé des anomalies dans la fabrication de l'usine du Creusot.
Un audit mené par Areva avait révélé des anomalies dans la fabrication de l'usine du Creusot. © BERTRAND GUAY/AFP
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avec AFP , modifié à
L'Autorité de sûreté nucléaire plaide pour une réflexion sur l'ensemble de la chaîne de contrôle du secteur nucléaire.

Certaines des anomalies détectées dans les dossiers de fabrication de pièces nucléaires forgées à l'usine d'Areva au Creusot, en Saône-et-Loire, s'apparentent à des "falsifications", a affirmé mardi le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), plaidant pour une réflexion sur la méthode de contrôle du secteur.

Falsifications. "Il y a deux pratiques inacceptables dans ce dossier : il y a le fait de ne pas en parler à son client ou à l'autorité de sûreté concernée. Il y en a une autre (...), c'est qu'il y a un certain nombre de documents qui s'apparentent à des falsifications", a déclaré Pierre-Franck Chevet lors d'une audition devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). 

Un autre dirigeant de l'ASN a notamment évoqué le dossier d'un générateur de vapeur de l'EPR en construction à Flamanville, où une étape de forgeage a été présentée comme correctement accomplie alors que ce n'était pas le cas. "Les dossiers qui ont été remis à l'ASN jusqu'en juillet 2016 ne montraient aucun problème. (...) Il est marqué que le chutage (découpage d'une partie de la pièce forgée, ndlr) a été fait de 23% alors qu'en réalité, il n'a été fait que de 10%", a expliqué Rémy Catteau, directeur des équipements sous pression nucléaires. 

Audit étendu. Areva a décidé d'étendre à l'ensemble des 9.000 dossiers de fabrication du Creusot son audit lancé à la suite de la détection d'irrégularités dans le suivi des processus de fabrication de grandes pièces forgées équipant notamment des installations nucléaires d'EDF. L'audit s'était jusqu'ici concentré sur environ 400 dossiers présentant des irrégularités consistant, selon l'ASN, en "des incohérences, des modifications ou des omissions". Ces écarts n'avaient pas été communiqués à l'ASN ni à EDF, qui exploite le parc nucléaire français.

Réviser les méthodes de contrôle. Pour Pierre-Franck Chevet, ces défaillances doivent conduire à l'ouverture d'une réflexion sur l'ensemble de la chaîne de contrôle du secteur nucléaire. "Ni les contrôles internes Areva sur le Creusot, EDF sur Areva, ni les nôtres n'ont vu ce qui s'apparente à des falsifications. Je ne suis pas sûr que nos systèmes soient capables, si on ne les change pas, de voir ce genre de dérives et de pratiques", a-t-il prévenu. "Il y a une réflexion en méthode à avoir pour voir comment on adapte les formes de notre contrôle à des situations où potentiellement - ce n'est pas systématique évidemment - il peut y avoir des fraudes", a-t-il ajouté.