Nomination de Gérald Darmanin : "Il y a un conflit d'intérêt", dénonce Laurence Rossignol

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Invitée dimanche de la matinale d'Europe 1, l'ex-ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a estimé qu'il y avait "un problème de déontologie" à ce que Gérald Darmanin, visé par une enquête pour viol, soit devenu le ministre de tutelle de ceux qui doivent enquêter sur lui.
INTERVIEW

La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur continue de nourrir le malaise chez les féministes, l’ancien maire de Tourcoing étant visé par une plainte pour viol. Ex-ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol fait partie des personnalités qui réclament son départ du gouvernement. "Il n’est jamais vain de réaffirmer des convictions et de ne pas laisser s’installer l’idée qu’il n’y aura pas de problème à ce que monsieur Darmanin soit ministre de l’Intérieur", a-t-elle expliqué dimanche, au micro d’Europe 1.

"Il y a un problème de déontologie, d’exemplarité"

"Il fait l’objet d’une enquête préliminaire et il est le ministre de tutelle de ceux qui vont enquêter sur lui. Il y a là un conflit d’intérêt", souligne celle qui est également sénatrice de l’Oise. "Il y a un problème de déontologie, d’exemplarité". L’accusation visant Gérald Darmanin a fait l’objet d’un classement sans suite en juillet 2017, mais le 9 juin dernier la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise des investigations. La plaignante, une sympathisante UMP, reproche notamment à Gérald Darmanin d’avoir exigé d’elle, en 2009, des faveurs sexuelles alors qu’elle l’avait contacté pour qu’il l’aide à faire disparaître une ancienne condamnation de son casier judiciaire.

"La qualification pénale des faits fait l’objet d’une présomption d’innocence, mais les faits en eux-mêmes sont à peu près connus, d’autant que les conseils de monsieur Darmanin ne nient pas cette relation sexuelle", rappelle Laurence Rossignol. "Ça pose un problème de savoir que des élus utilisent leur pouvoir pour obtenir des faveurs des gens qui viennent les solliciter", pointe encore l'ancienne ministre de François Hollande. "Il est aussi déshonorant d’échanger une intervention contre des faveurs sexuelles que contre de l’argent ou des avantages en nature. Je continue de dire que monsieur Darmanin n’est pas à sa place au ministère de l’Intérieur", conclut-elle.