Mort d'Amadou Koumé en 2015 : trois policiers condamnés à 15 mois de prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi trois policiers à 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire, après la mort le 6 mars 2015 d'Amadou Koumé.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi trois policiers à 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire, après la mort le 6 mars 2015 d'Amadou Koumé. © NOÉMIE COISSAC / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi trois policiers à 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire, après la mort le 6 mars 2015 d'Amadou Koumé lors de son interpellation dans un bar de la capitale. Ce père de famille a succombé à une "asphyxie mécanique lente".

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi trois policiers à 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire, après la mort le 6 mars 2015 d'Amadou Koumé lors de son interpellation dans un bar de la capitale. Ce père de famille de 33 ans, ce soir-là en crise de démence, a succombé à une "asphyxie mécanique lente", liée à deux clés d'étranglement et à son maintien au sol au total plus de six minutes sur le ventre, les mains menottées dans le dos.

Reconnus coupables de fautes en lien direct avec la mort du père de famille

Le tribunal a condamné à la même peine Anthony B., 46 ans, le gardien de la paix auteur des gestes d'étranglement, Sébastien P., 48 ans, à l'époque brigadier, qui a appuyé son genou sur les lombaires et sur le bras d'Amadou Koumé, et le major Didier M., 62 ans, plus haut gradé ce soir-là.

Ils ont été reconnus coupables de "fautes" en lien direct avec la mort d'Amadou Koumé, le premier pour son usage de la force, "certes légitime", mais "insuffisamment maîtrisé", ainsi que pour avoir laissé M. Koumé en position ventrale sans s'enquérir de son état de santé.

Sébastien P. a fait preuve d'un "manque évident de discernement" en ne s'"intéressant pas à (son) état de santé après une interpellation très mouvementée" et alors qu'il ne représentait à ce moment-là "plus aucun danger", selon le tribunal.

Didier M. s'est rendu coupable d'"une succession de négligences et de manquements" en tant que "responsable de l'opération", présent dans le bar, pendant le transport en fourgon et à l'arrivée au commissariat, où le décès de M. Koumé a été constaté.

"Entendre le mot coupable est une satisfaction"

Plus de sept ans après ce décès, la famille, dont la plainte avec constitution de partie civile avait relancé les investigations après un classement sans suite, était venue entendre la décision au tribunal jeudi matin. "Entendre le mot coupable naturellement est une satisfaction dans un tel dossier, mais la peine est relativement clémente, donc il y a un bout de justice qui est rendue", a régi Me Eddy Arneton, leur avocat.

"Ca ne ramènera pas Amadou Koumé, néanmoins sa famille sait aujourd'hui de façon précise les circonstances dans lesquelles il est mort et sait aussi que sa mort est due à des fonctionnaires de police, donc c'est un pas, et nous l'accueillons comme tel", a-t-il ajouté.

La clé d'étranglement est au cœur de plusieurs enquêtes

Le conseil d'Anthony B. n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat. La défense, qui avait plaidé la relaxe lors du procès du 27 juin au 4 juillet, a dix jours pour faire appel. La procureure avait requis un an de prison avec sursis à l'encontre des trois policiers.

Technique controversée, la clé d'étranglement, proscrite dans la gendarmerie et remplacée officiellement en 2021 dans la police, est au cœur de plusieurs enquêtes ouvertes après la mort d'hommes interpellés.