Mondial du tatouage : Tatoués mais discrets, "car c'est intime, ça me regarde"

Le Mondial du tatouage se tient de vendredi à dimanche à la Grande Halle de la Villette, à Paris.
Le Mondial du tatouage se tient de vendredi à dimanche à la Grande Halle de la Villette, à Paris. © Thomas SAMSON / AFP
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avec Jean-Jacques Héry , modifié à
Le Mondial du tatouage s'est installé vendredi, pour trois jours, à la Grande Halle de la Villette, à Paris. Si la pratique se démocratise, la plupart des tatoués restent discrets dans leur environnement professionnel.
REPORTAGE

Le tatouage c'est cool, le tatouage c'est hype, le tatouage c'est sympa. Le Mondial du tatouage a ouvert vendredi et se tient jusqu'à dimanche à la Grande Halle de la Villette, avec 420 tatoueurs originaires d'une quarantaine de pays, un concours de la plus belle "couenne colorée", des concerts de hard rock pendant trois jours et, pour la première fois, la danse contemporaine en invitée d'honneur.

Le tatouage considéré comme un art. Sur la cheville, sur le dos, sur le bras ou même maintenant sur le visage, le tatoo semble se démocratiser au sein de la société : 80% des 18-24 ans estiment que le tatouage est un art, selon un sondage Ifop. Mais qu'il s'agisse d'une grande tête de dragon, d'une simple inscription tribale ou d'un cœur avec un prénom gravé à l'intérieur, c'est toujours la même interrogation qui revient pour les tatoués : dois-je le montrer ou pas ? Les reporters d'Europe 1 sont allés poser la question dans un centre de tatouage à Paris.

La seule personne autorisée à contempler les tatouages d'Eddy, c'est sa copine, une restriction qu'il ne compte pas lever. "J'ai le prénom de ma grand-mère avec sa date de naissance sur l'avant-bras, j'ai une tortue sur la cheville gauche, et sur l'autre cheville, une tête de mort", énumère-t-il. "J'ai essayé de faire en sorte que ce soit pas non plus trop visible : étant dans le commerce, ça peut être dérangeant", explique le jeune homme. 

"Ça peut être mal vu". Le tatouage a beau être tendance, il se heurte toujours à la barrière professionnelle. Au travail, le tatoué doit rester discret. Les dessins d'Amanda disparaissent donc sous un ample pull blanc. "C'est intime, ça me regarde, c'est moi qui ai choisi les modèles. Quand on voit tous les gens qui ont des tatouages très visibles, je pense qu'à un moment donné dans leur vie, ils seront confrontés à des difficultés dans le milieu professionnel. Ça peut être mal vu dans certaines branches de métier", souligne-t-elle. 

Des jeunes générations moins pudiques. Bernard Soufflet, tatoueur depuis plus de 30 ans, observe une évolution des pratiques. "Ce n'est pas fait pour être exhibé. Mais il y a des jeunes, des nouvelles générations, qui font des tatouages sur les doigts, sur les mains". Des tatouages plus visibles, mais surtout plus nombreux : 18% des Français majeurs se sont déjà tatoués, un taux en hausse de huit points par rapport à 2010.