Quelle prise en charge pour les mineurs radicalisés ? (Illustration) 1:25
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Louise Sallé // Crédit photo : LUDOVIC MARIN / AFP
Quelques jours après l'attentat à Arras, où un enseignant a été poignardé par un ancien élève de l'établissement radicalisé, le ministre de l'Éducation compte bien sévir. Gabriel Attal compte notamment exclure définitivement les mineurs radicalisés des écoles, afin de les accueillir dans des "structures spécialisées".

À quoi ressembleront les structures d'accueil spécialisées pour les mineurs radicalisés ? Jeudi dernier, Gabriel Attal a martelé sa volonté d'exclure définitivement de l'école les mineurs qui représenteront une menace pour la France. Sur le millier de mineurs fichés S que compte la France, cela concernerait "plusieurs dizaines de jeunes", a souligné le ministre de l’Éducation, à accueillir dans des "structures spécialisées" afin de les éloigner de l’école. 

"Une minorité est formée aux enjeux de déradicalisation"

Le ministre de l'Éducation nationale a lancé des concertations sur ces futurs établissements spécialisés. D'ores et déjà, les mineurs de 16 ans et moins devraient être accueillis dans des lieux d’enseignement, comme c’est le cas par exemple des centres éducatifs fermés. Ces alternatives à la prison qui scolarisent les mineurs délinquants, dont certains, d’ailleurs, sont radicalisés. Mais les éducateurs spécialisés manquent pour les prendre en charge. 

"Dans ces structures, on a déjà bien sur des éducateurs. Une minorité est formée aux enjeux de déradicalisation mais ce n'est pas une obligation", explique au micro d'Europe 1 Pierre-Alain Sarthou, qui dirige la CNAPE, la fédération des associations de protection de l’enfant, qui gère une trentaine de ces centres en France. 

Un dernier verrou

Malgré cela, la structure dispose d'une vraie expertise. "Ce sont nos associations au sein du réseau la CNAPE, qui accueillent beaucoup de mineurs qui reviennent de zones de conflits irako-syrienne et qui sont issus de familles partis faire le djihad. Sauf que dans ce cas, nous savons que nos associations ont le plus grand mal à avoir des formations et à avoir un cadre d'intervention qui soit adapté à ce type de public", poursuit-il. 

De quoi favoriser la prise en charge de ces mineurs radicalisés ? La question reste entière alors que les concertations ne sont qu'à leur commencement. Dernier verrou pour l'État : il faut qu’une enquête ait été ouverte, et qu'elle ait été jugée pour pouvoir accueillir ces mineurs dans ces centres spéciaux. Un long processus compliqué à mettre en place pour des jeunes, majoritairement soupçonnés de radicalisation.