Manifestant éborgné par une grenade en 2016 : un CRS renvoyé aux assises

Le brigadier-chef est accusé d'avoir lancé à ce moment-là une grenade de désencerclement hors de tout cadre légal.
Le brigadier-chef est accusé d'avoir lancé à ce moment-là une grenade de désencerclement hors de tout cadre légal. © ZAKARIA ABDELKAFI / AFP
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avec AFP
Un CRS accusé d'avoir lancé de manière non justifiée une grenade de désencerclement, qui a causé la perte d'un œil à un manifestant en 2016, sera jugé aux assises. 

Un CRS a été renvoyé lundi aux assises pour y répondre d'un "lancer injustifié" d'une grenade de désencerclement, dont l'explosion a causé la perte d'un œil à un manifestant lors d'un rassemblement contre la loi Travail le 15 septembre 2016, a appris mardi l'AFP de sources concordantes. Ce policier de 50 ans doit être jugé pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" sur Laurent Theron, un militant syndical SUD de 48 ans "définitivement aveugle de l’œil droit", selon l'ordonnance des juges d'instruction. L'avocat du CRS a annoncé vouloir faire appel de cette décision. 

La légitime défense exclue

Les faits se sont produits ce jour-là peu avant 17h, alors que les forces de l'ordre dispersaient les gens sur la place de la République à Paris, au terme d'une manifestation marquée par de violents heurts avec la police, ciblée notamment par des cocktails Molotov. Le brigadier-chef, qui avait été mis en examen en janvier 2017, est accusé d'avoir lancé à ce moment-là une grenade de désencerclement (GMD) "hors de tout cadre légal et réglementaire", concluent les juges. Le policier et sa compagnie n'étaient alors "ni assaillis, ni encerclés, ni même réellement pris à partie", ce qui exclut la justification de la légitime défense ou de la sauvegarde de son intégrité physique ou de celle d'autrui. 

Le policier se voit aussi reprocher d'avoir "agi de sa propre initiative, sans recevoir d'ordre", contrairement à la doctrine d'emploi des GMD, écrivent les juges. Enfin, le policier n'était pas habilité pour cette arme puissante qu'il aurait, selon l'hypothèse privilégiée par l'enquête, lancée en cloche et non au ras-du-sol comme exigé. "Cette décision le marque beaucoup ; s'il a fait une erreur, il n'a pas l'impression néanmoins d'avoir commis un crime", a réagi son avocat Me Laurent-Franck Liénard. "Il est persuadé d'avoir lancé une grenade pour se protéger, lui et ses collègues. Elle a atteint la victime par accident", a ajouté l'avocat.