Lucas, victime de harcèlement scolaire : le combat de sa mère raconté dans un livre
Séverine Vermard publie ce 8 janvier "Lucas, symbole malgré lui", dans lequel elle revient sur la mort de son fils, une épreuve qu'elle surmonte avec douleur. Elle y raconte aussi sa lutte pour lui rendre justice, et son combat contre le harcèlement scolaire, afin d’éviter d’autres suicides d’enfants. Elle a choisi Europe 1 pour s’exprimer de vive voix sur ce sujet.
Cela fait deux ans que Lucas, 13 ans, victime de harcèlement scolaire, s’est pendu dans sa chambre de Golbey, dans les Vosges. Ces deux dernières années, plusieurs autres adolescents — Lindsay, Nicolas, Ambre — se sont aussi donné la mort après des brimades répétées de la part de camarades de classe ou des messages haineux reçus sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, Séverine Vermard, mère de Lucas, est anéantie. Elle puise l’énergie qu’il lui reste dans l’association qu’elle a fondée, "Liberté Unité - Non au harcèlement (Lunha)". L’objectif : faire en sorte que l'Éducation nationale réagisse beaucoup plus vite face à ce fléau qui touche plus d’un élève par classe en France, de la primaire au lycée.
Le "retard" de l’enquête administrative
À la mort de son fils, Séverine regrette qu’aucune enquête administrative n'ait été lancée, et qu’aucune situation de harcèlement n’ait été démontrée par l'institution avant le procès. "Cela aurait pu constituer une preuve solide à apporter au dossier judiciaire", déplore-t-elle.
"L'enquête administrative, il a fallu que je pleure pour l’avoir", se souvient Séverine Vermard. "Or, cela devrait être automatique, mais ça n'a pas été le cas… C’était à moi de réclamer quelque chose qui aurait dû être fait et qui m'avait été promis par plusieurs personnes", confie-t-elle.
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Condamnés pour harcèlement en première instance, les quatre élèves jugés ont été relaxés en appel. Puis, le parquet et la famille du garçon se sont pourvus en cassation.
Une descente aux enfers à cause… de baskets roses
L’enquête du ministère a fini par être dévoilée fin 2024 : elle conclut que des faits de harcèlement ont bien eu lieu dans l’établissement scolaire et sur les réseaux sociaux. Séverine regrette, par ailleurs, le silence du collège de son fils. Elle avait pourtant alerté, quelques mois avant le drame, de l’enfer vécu par Lucas… À cause de moqueries, répétées, sur ses baskets roses.
"Les chaussures, c’était la goutte de trop… Lucas s’est ensuite fait insulter de 'sale pédé', de 'sale tapette'", décrit-elle. "Quand on a treize ans, se faire insulter toute la journée, et se faire dénigrer sur sa façon d'être, c'est l'horreur… Et ce sont des choses qui auraient pu être détectées bien avant", déclare-t-elle.
Séverine Vermard garde cependant espoir. Elle souhaite que davantage de personnels de l’Éducation nationale soient formés aux enjeux du harcèlement scolaire. Et qu’un nouveau procès ait lieu… Pour rendre un jour, dit-elle, justice à son fils.