Loi Travail : entre 64.000 et 200.000 manifestants à travers la France

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Pour la onzième fois, les opposants à la loi Travail manifestent, comme ici à Paris © PHILIPPE LOPEZ / AFP
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avec agences , modifié à
Les syndicats ont une nouvelle fois manifesté mardi contre le projet de loi Travail et prévoient déjà une nouvelle journée d'action début juillet.

Les opposants à la loi Travail ont à nouveau battu le pavé mardi, jour de vote du texte au Sénat. Leur objectif ? Montrer que la mobilisation ne s'essouffle pas, alors que Manuel Valls reçoit les syndicats mercredi et jeudi pour faire le point sur la situation. Retour sur la onzième journée de mobilisation.

Les principales informations à retenir :

  • Entre 64.000 et 200.000 personnes ont manifesté, selon les sources.
  • Les forces de sécurité ont procédé à 81 interpellations en France, quelques tensions ont été constatées à Paris.
  • Le Sénat a adopté en fin de journée sur une version plus libérale du projet de loi Travail que l'Assemblée détricotera ensuite.
  • La CGT annonce déjà une nouvelle journée d'action le 5 juillet. 

La mobilisation semble se tasser. En fin de journée, la CGT et FO ont estimé avoir mobilisé "près de 200.000" manifestants sur toute la France. Pour les autorités, ce serait plutôt 64.000 personnes. A Paris, les manifestants étaient entre 55.000 selon les organisateurs et 14.000 - 15.000 selon la préfecture de police. C'est donc autant ou moins que les deux précédentes journées, alors que les syndicats espéraient un sursaut de la mobilisation. 

Une manifestation parisienne normalisée. Après une manifestation émaillée de violences le 14 juin puis un rassemblement pratiquement statique le 23 juin, la manifestation organisée mardi a marqué un retour à la normale : le cortège est parti de la place de la Bastille pour rejoindre la place d'Italie.  

Mais des tensions en tête de cortège. Pour éviter de revivre les violences du 14 juin, la préfecture de police de Paris avait mobilisé 2.500 policiers et contrôlé l'accès au cortège : une centaine de personnes ont été interdites de défiler en amont et les forces de l'ordre ont procédé à 39 interpellations, dont 27 au niveau des points de filtrage, selon la préfecture de police de Paris. Au niveau national, les forces de l'ordre ont procédé à 81 interpellations.

Si on est loin des violences constatées le 14 juin, la manifestation a été émaillée de quelques débordements, notamment provoqué par un groupe de 100 à 200 personnes habillées en noir et qui se sont placées en tête de cortège. Une charge policière a eu lieu au niveau de la gare d'Austerlitz pour empêcher un groupe d'individu de s'en prendre à un abribus.

Les policiers ont également fait usage de gaz lacrymogène un quart d'heure plus tard, au niveau de La Pitié Salpêtrière, avant de scinder le cortège pendant moins de 5 minutes. Une autre charge a eu lieu une centaine de mètres plus tard, boulevard de l'hôpital, après que des manifestants aient jeté des bouteilles de verre sur les forces de l'ordre. Le conteneur n'avait visiblement pas été sécurisé en amont.

 

Premiers cortèges en province. Les premières manifestations ont eu lieu dès mardi matin en province. Au Havre, la police a recensé 2.800 manifestants, les organisateurs 15.000. Au moins un millier de personnes ont manifesté aussi dans les rues de Rennes, selon la préfecture. A Grenoble, ils étaient environ 1.300 selon Le Dauphiné. A Lyon, où la police a recensé 2.000 personnes tandis que les syndicats en ont annoncées 7.000, la manifestation était entourée d'un dispositif policier plus important que d'habitude. Une dizaine d'interpellations y ont eu lieu, selon le quotidien régional Le Progrès

 

 

 

La CGT prépare déjà la suite. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a d'ores et déjà annoncé "une nouvelle journée d'actions" le 5 juillet contre le projet de loi Travail, juste avant le départ de la manifestation parisienne. En face, la fermeté est aussi de rigueur : la semaine dernière, François Hollande a répété qu'il irait "jusqu'au bout".

Des sondages favorables aux syndicats. Pour appuyer leur propos, les syndicats ont organisé une votation citoyenne à laquelle 704.129 personnes ont participé jusqu'à présent. Selon un premier bilan, 92% ont voté pour le retrait du texte, un résultat "très significatif du rejet des citoyens, des salariés, des jeunes", dixit la CGT. Les syndicats peuvent aussi s'appuyer sur les résultats d'un sondage mené par Odoxa pour le compte de Mci, Le Parisien/Aujourd'hui-en-France et France info. Ce dernier montre que les 73% des sondés sont clairement opposés à l'utilisation par le gouvernement de l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter le projet de loi Travail.

 

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© BORIS HORVAT / AFP

Au Sénat, un texte plus libéral. Pendant ce temps, le texte poursuit sa trajectoire parlementaire. Il a été adopté en fin de journée au Sénat, à majorité de droite, dans une version libérale. Le verrou des 35 heures a sauté, la généralisation de la garantie jeunes a été supprimée, le compte personnel d'activité a été partiellement vidé et le plafonnement des indemnités prudhommales (à 15 mois de salaires) rétabli. Cette version devrait être détricotée par les députés lors d'une nouvelle lecture à partir du 5 juillet.

Les syndicats invités à Matignon.Manuel Valls, qui a cristallisé les critiques pour son attitude inflexible, a de son côté accepté de recevoir mercredi et jeudi les organisations syndicales et patronales sur la loi Travail pour "faire le point". L'ouverture est néanmoins limitée : il n'est pas question pour autant d'ouvrir des "négociations" sur le texte.  "Même quand on n'est pas d'accord, c'est utile de se parler", a-t-on souligné à Matignon. Le Premier ministre, accompagné de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, recevra la CGT, la CFDT, FO et la CFTC mercredi après-midi, le Medef, l'UPA et la CFE-CGC jeudi après-midi.