"Un projet à 30 milliards d'euros d'argent public, qui va artificialiser 1.500 hectares de terres agricoles, qui est illégal au vu du droit de l'eau et qui va creuser les montagnes avec 260 kilomètres", c'est en ces mots que la cheffe des députés La France insoumise, Mathilde Panot, dénonce le chantier de la ligne Lyon-Turin. L'élue de la 10e circonscription du Val-de-Marne s'est rendue sur place aux côtés des manifestants pour dire non à ce projet de ligne ferroviaire, en Savoie, dont le chantier a été lancé en 1992.
Un gain de deux heures de temps de trajet en train
Précisément, cette ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin doit être longue de 270 kilomètres avec un tunnel de 57 kilomètres à travers les Alpes. Son objectif est d'augmenter largement le fret ferroviaire, mais aussi désengorger les routes comme l'avance Telt (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), la société franco-italienne en charge du projet.
Au total, 44 millions de tonnes de marchandises transitent chaque année dans cette zone. La ligne permettrait ainsi d'en absorber 25 millions sur les rails. Ce serait surtout une meilleure liaison avec l'Italie : 1h47 pour faire Lyon-Turin avec cette ligne, au lieu de 3h47 aujourd'hui, ce qui représente un gain de deux heures de temps de trajet. Le chantier a d'ores et déjà bien avancé puisque 20% des galeries sont déjà creusées, et la mise en service est prévue pour 2032.
Le drainage très important d'eau souterraine
Toutefois, ce projet concentre les protestations de milliers de manifestants rassemblés ce samedi sur place. Si Mathilde Panot estime que le chantier est illégal vis-à-vis du droit de l'eau, il est en fait trop tôt pour statuer une éventuelle illégalité. Néanmoins, une commission d'enquête a été ouverte à l'Assemblée nationale il y a trois jours, notamment sur cette question de drainage très important d'eau souterraine pour les forages. Il s'agirait de 100 millions de mètres cubes par an, mais aussi de tonnes de déchets à stocker pour creuser les tunnels.
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Si le projet est très contesté, c'est aussi parce qu'il existe déjà une ligne ferroviaire sous-exploitée, selon les opposants. "Un gaspillage de fonds publics", dénoncent les militants écologistes. La Cour des comptes estimait il y a 10 ans le coût des travaux à 26 milliards d'euros. Avec l'inflation, il pourrait finalement dépasser les 30 milliards.