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Jean-Luc Boujon, édité par Yanis Darras / Crédit photo : MARCO BERTORELLO / AFP , modifié à
Le projet de ligne de chemin de fer Lyon-Turin, qui doit permettre de relier les deux villes via un tunnel sous les Alpes, continue de susciter de vives contestations. Alors qu'une manifestation doit se tenir ce week-end à l'appel des "Soulèvements de la Terre", les élus favorables au projet se sont réunis ce jeudi, pour rappeler l'importance du projet.

C'est un projet hors norme qui divise au cœur des Alpes. La ligne de train Lyon-Turin qui doit notamment à terme permettre de réduire le trafic de poids-lourds entre les deux villes grâce à un système d'auto-train, fait régulièrement la Une de l'actualité. Preuve en est, le collectif écologiste "Les Soulèvements de la Terre", menacé de dissolution par le gouvernement, appelle à manifester ce week-end dans la vallée de la Maurienne, en Haute-Savoie pour marquer l'opposition au projet.

La préfecture va interdire une manifestation d'opposants

Une grande manifestation contre le chantier de ligne ferroviaire Lyon-Turin prévue ce week-end par des opposants au projet, dont des élus, va être interdite en raison de "risques de débordements", a annoncé jeudi le préfet de Savoie François Ravier. "Il y a des craintes quant à la sécurité des forces de l'ordre et des pompiers", a-t-il déclaré lors d'un point presse, précisant que "2.000 gendarmes et policiers" allaient être déployés dans cette vallée frontalière de l'Italie.

C'est dans cette zone que se situera l'entrée du tunnel de 57 kilomètres qui reliera les villes françaises et italiennes. Mais dans la région, les élus qui soutiennent le projet s'inquiètent de voir une ZAD s'installer dans la région.

"On veut que les poids-lourds passent sur le train"

Alors, ce jeudi matin, des dizaines d'élus avec leur écharpe tricolore se sont réunis depuis vers 11 heures devant la gare de Saint-Jean-de-Maurienne, au cœur de cette vallée savoyarde où le chantier du Lyon-Turin a démarré depuis maintenant plusieurs années. Environ 20% des travaux de ce chantier titanesque sous les Alpes ont déjà été réalisés. Mais face aux contestations de plus en plus fortes des militants écologistes, ces élus comme Patrick Provost, maire de Saint-François-Longchamp, sont venus redire leur soutien à ce projet écologiquement responsable, selon eux. 

"On veut que les poids-lourds passent sur le train et non pas restent sur l'autoroute, ou sur nos routes", insiste-t-il au micro d'Europe 1. "Mettre les camions sur les trains, ça paraît quand même une bonne chose dans l'environnement actuel d'un point de vue écologique. Alors, c'est sûr que c'est un grand chantier. Mais vu la ligne historique SNCF qui date de presque 120 ou 130 ans, c'est sûr qu'on ne pourra pas faire passer et à la fois, tout le fret sur cette ligne-là, les TGV et les TER", poursuit l'élu.

 

La création d'une ZAD redoutée

Alors que les opposants - dont des militants radicaux - au projet sont attendus ce week-end un peu plus haut dans la vallée, tous craignent la naissance d'une Zone à Défendre (ZAD) dans la zone. "C'est vrai que quand on entend des appels à s'inspirer de ce qu'il s'est passé à Notre-Dame des Landes il y a quelques années, à Sainte-Soline il y a quelques mois, c'est vrai que ça interroge", explique Jérémy Tracq, le maire de Bessans. "On peut craindre des dégradations, on peut craindre des débordements. Les gens sont inquiets pour la sécurité des biens et des personnes. Et puis, ce qu'on peut aussi redouter, c'est une installation éventuelle dans la durée et illégitime", ajoute-t-il. 

La vallée de la Maurienne retient son souffle, d'autant que la manifestation de samedi n'a pas été autorisée par le préfet. Ce qui pourrait attiser la colère.