Libération de détenus radicalisés : "Certains sont très dangereux"

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Pauline Darvey
D'ici fin 2019, environ 450 détenus radicalisés ou condamnés pour terrorisme devraient être libérés. Georges Fenech, magistrat, ancien député LR, estime que l'Etat doit mettre en place une rétention de sûreté, pour limiter les risques de récidives. 
INTERVIEW

La ministre de la justice, Nicole Belloubet, l'a annoncé dans la semaine. D'ici fin 2019, environ 450 détenus radicalisés, dont une cinquantaine condamnés pour terrorisme, devraient sortir de prison. Et ce ne serait qu'un début selon Georges Fenech, magistrat, ancien député LR, qui a présidé la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de Paris de 2015, invité de C'est arrivé demain sur Europe 1

Entre 1700 et 2000 détenus radicalisés. "Plus on va aller dans le temps, plus il y aura des libérations, affirme-t-il. On a une population entre 1.700 et 2.000 détenus aujourd’hui qui présentent ces profils à risque, et qui vont un jour ou l'autre recouvrer leur liberté."

Dès lors, la question se pose : comment suivre ces individus après leur sortie de prison ? Selon Georges Fenech, la première mesure à prendre serait de renforcer considérablement les moyens de la justice : "Pour toute la population radicalisée qui sort de prison, il n’y a avait jusqu’à peu qu'un seul juge d’application des peines spécialisé et compétent, assure-t-il. Aujourd’hui, il y en a deux. Il se partage la France en deux. C’est vraiment dérisoire !"

"Des individus particulièrement dangereux". Dernièrement, le gouvernement a également fait plusieurs annonces comme la création au sein de l’Uclat, l’union de coordination de la lutte anti-terroriste, d’une unité encore plus spécialisée pour les individus radicalisé. "Il y a aussi le programme Rive - Recherche et intervention sur les violences extrémistes - avec des surveillances par des éducateurs, des psychologues".

De bons dispositifs qui restent insuffisants d'après Georges Fenech : "On peut considérer, et c’est là qu’il y a un débat qui s’installe, qu'il y a un angle mort, estime-t-il. Parmi ces individus qui ont purgé leurs peines et qui doivent être libérés, certains sont particulièrement dangereux".

Étendre le dispositif. Sa proposition ? Renforcer notre dispositif législatif par la rétention de sûreté qui existe déjà pour les criminels sexuels. "On peut les garder ds des établissement qui ne sont pas des prisions et où ils sont quand même privés de leur liberté, explique-t-il. Ce sont des centres sociaux-médicaux-judiciaires, avec une évaluation de leur dangerosité permanente".

Une mesure que le magistrat connaît bien puisqu'il a été rapporteur de ce texte. "Lors de mon mandat, j’avais proposé d’étendre ce dispositif aux radicalisés terroristes", rappelle-t-il. "Il n'y a pas de raisons de le prévoir pour des criminels sexuels et pas pour des terroristes."

"Que répondre à l'opinion publique ?" Une proposition qui avait été rejetée : "On estime que c’est une atteinte aux liberté, explique Georges Fenech. "Sauf qu’il y a un état dangereux, qu’on a des individus qui sont capables de commettre de nouveaux attentats, et que cette mesure a été validée par le conseil constitutionnel pour le criminels sexuels".

Aucun risque donc pour le magistrat de contrevenir à l'Etat de droit : "N’ayons aucune crainte de ce point de vague là", assure t-il. Avant de mettre en garde : "On a des individus qui vont sortir, qui sont très dangereux qui représentent une vraie menace et qu’on va relâcher avec des surveillance plus ou moins molles", constate-t-il. "Que va t-il se passer demain si l’un d'entre-eux commet un attentat ? Que répondre à l'opinion publique ?"