Raffinerie blocage CGT 3:31
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Mathilde Durand , modifié à
La fédération CGT de la chimie a appelé les salariés de la filière pétrole française à bloquer les installations du pays pendant 96 heures, du 7 au 10 janvier. Une annonce qui a fait réagir des membres du gouvernement. Eric Sellini, coordinateur CGT chez Total, leur répond sur Europe 1. 
INTERVIEW

Mardi 31 décembre, pour protester contre la réforme des retraites, la fédération CGT de la chimie a appelé à 96 heures de blocage, du 7 au 10 janvier de toutes les installations pétrolières françaises. Durant ce temps, aucune expédition de produit ne pourra sortir, espère le syndicat. À ce jour plusieurs raffineries sont déjà concernées par des blocages partiels ou complets. Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe Total, a détaillé les motivations de son syndicat sur Europe 1.

"La Fédération nationale des industries chimiques demande à l’ensemble salarié de la filière pétrole de stopper le travail pendant 96 heures, comme déjà le cas dans quelques raffineries mais pas dans toutes, et notamment d'arrêter d'expédier les produits. Sachant que la majorité des expéditions aujourd’hui ne se fait pas par camions mais par pipeline", indique le coordinateur. 

Des stocks, de pétrole brut

Face à la crainte d'une pénurie dans l'Hexagone, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, a déclaré que la France disposait de stocks pour trois mois, et qu'il n'était pas nécessaire de se ruer sur les stations service, dès le 7 janvier. "Elle ne doit pas être très bien renseignée, grince Eric Sellini. Les stocks de trois mois d'avance ne sont du carburant : une grosse partie se compose de pétrole brut. Donc il faut que ce pétrole passe par les raffineries pour être transformé en carburant."

Le coordinateur rappelle que ces stocks ont de plus été largement mis à contribution depuis le 5 décembre, date du début de la mobilisation contre la réforme des retraites. "Si aujourd’hui la pénurie est relativement faible, c’est parce que le gouvernement a autorisé les compagnies pétrolières à utiliser les stocks stratégiques de carburant fini, mais ils ne sont pas inépuisables. Il faudra bien les regonfler. On voit bien de quel côté sont les patrons pétroliers"

"Elle est à côté de la plaque"

Eric Sellini a réagi également aux propos de la secrétaire d'Etat à l'économie, Agnès Pannier-Runacher qui estimait "illégal" le blocage des raffineries. "Je ne sais pas si elle cherche à se rendre visible par des petites phrases qui vont faire le buzz", s'agace le syndicaliste. "À part si elle s’exprime une volonté du gouvernement de nous pondre une prochaine ordonnance interdisant la grève dans la raffinerie, elle est à côté de la plaque. Dire qu’on ne peut plus arrêter la production d’une raffinerie par le fait de grève c’est complètement irresponsable !"

À travers cette mobilisation, le personnel du raffinage entend bien conserver son régime spécial. Tous les salariés travaillant en poste soit en 2-8 ou en 3-8 peuvent bénéficier d'un départ anticipé, du fait d'un accord de branche. Ils peuvent partir jusqu'à 4 ans avant l'âge légal de départ à la retraite, 5 ans même au sein de l'entreprise Total. "Quand l'âge de départ était passé de 60 à 62 ans, les salariés avaient déjà exprimé leur colère", rappelle le syndicaliste Eric Sellini. "Là si tout le monde doit partir à 64 ans, cela fait du 59 ans pour eux et quand vous avez plus de 25 ans de 3-8 derrière vous, cela devient très compliqué. Ils font grève par solidarité mais aussi pour conserver la possibilité d’un départ anticipé."