Les parents d'Alexia Daval parlent pour la première fois : "Notre fille n'était ni autoritaire, encore moins violente"

Isabelle et Jean-Pierre Fouillot avaient épaulé leur gendre, Jonathann, lors des jours qui avaient suivi la mort d'Alexia.
Isabelle et Jean-Pierre Fouillot avaient épaulé leur gendre, Jonathann, lors des jours qui avaient suivi la mort d'Alexia. © SEBASTIEN BOZON / AFP
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A.H. , modifié à
Dans un entretien accordé à "L'Est républicain", les parents d'Alexia Daval se confient pour la première fois sur la perte de leur fille et les terribles aveux de leur gendre.

C'est pour "parler d'Alexia", qui aurait eu 30 ans le 18 février, que ses parents ont choisi de s'exprimer, après quatre mois de silence. "Pour démentir, aussi, toutes les horreurs et les aberrations que l’on a pu entendre dans la bouche de l’avocat de Jonathann" Daval, confient Jean-Pierre et Isabelle Fouillot, dans une interview accordée à L'Est républicain, jeudi. 

"Tout l'inverse" d'une "personnalité écrasante". "On ne voudrait pas qu’Alexia soit salie, traînée dans la boue", glisse Jean-Pierre Fouillot. Le père n'a pas digéré le discours tenu par Me Randall Schwerdorffer, qui a mis en avant, pour défendre son client, le côté "accidentel" de la mort. Le conseil avait évoqué "une dispute qui a mal tourné", et la violence supposée d'Alexia Daval à l'encontre de son mari, qualifié d'"homme soumis". "Jonathann a essayé de la maîtriser, ça a dérapé et petit à petit, il l'a étouffée", avait-il raconté devant les caméras.

À l'inverse, ses parents décrivent une jeune femme "souriante", "joyeuse", "très ouverte", qui "avait beaucoup d’amis, des copains d’enfance, des collègues", une fille proche de sa mère, férue de cuisine… "Alors quand j’entends Me Schwerdorffer parler de 'personnalité écrasante'… C’était tout l’inverse ! (…) Je ne l’ai jamais vue en colère, ni avoir un quelconque accès de violence sur qui que ce soit", assure Isabelle Fouillot.

"Jamais nous ne les avons vus se disputer". Les parents d'Alexia Daval ne comprennent pas le portrait que l'on fait du couple et de leur fille qui, de prime abord, semblait épanouie. Isabelle Fouillot raconte : "Jonathann et Alexia ont vécu un an chez nous, le temps de trouver une maison. Jamais nous ne les avons vus se disputer." "Pas même un éclat de voix. Notre fille n’était ni autoritaire, encore moins violente. C’est vrai qu’elle savait prendre des décisions, comme avec la maison, mais je ne les ai jamais vus se disputer", renchérit le père.

Jonathann Daval appelait sa belle-mère "maman". Isabelle et Jean-Pierre Fouillot ont toujours beaucoup de difficulté à réaliser que leur gendre, qu'ils affectionnaient tant, a bel et bien avoué avoir étranglé leur fille. Pour eux, Jonathann Daval était "comme un fils". "On lui a ouvert les bras, il était de la famille. Combien de fois nous a-t-il dit : 'Vous êtes ma famille' ?", explique le père.

Dans les mois qui ont suivis la mort d'Alexia, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot ont épaulé leur gendre, l'invitant à s'installer chez eux, à partager les repas, les fêtes de famille. Une période pendant laquelle Jonathann Daval va même jusqu'à appeler sa belle-mère "maman", rapporte-t-elle. "On se demande aujourd’hui s’il a été sincère avec nous, durant toutes ces années", déplore Isabelle Fouillot.

"À aucun moment, nous n’avons douté" de Jonathann Daval. Jusqu'au bout, les parents d'Alexia ont cru à l'innocence de Jonathann Daval. "Tant qu’il n’avait pas avoué, on se disait qu’il n’avait rien à voir avec l’affaire. Ce n’était pas possible, vu son comportement et toutes les marques d’affection qu’il nous témoignait", confie la mère de famille. Et le père d'ajouter : "On croyait à son innocence à 500 %. À aucun moment, nous n’avons douté". Alors quand Jonathann Daval a craqué en garde à vue, les parents d'Alexia ont eu l'impression de vivre "un autre tsunami", "un second drame".

"La haine ? On en est incapables". Pour autant, les deux parents, qui s'échinent au travail pour oublier leur tristesse, assurent l'un et l'autre ne pas ressentir de haine. Jonathann Daval "doit suffisamment souffrir comme ça, ce n’est pas la peine d’en rajouter. C’est sûr, on a été trahis. Mais ce qui nous bousille avant tout, c’est le chagrin." "On ne fait que ça, pleurer… On subit. La haine ? On en est incapables. Elle viendra peut-être plus tard, on ne sait pas…", s'émeut la mère, qui se dit aujourd'hui "détruite".