Lavande 5:32
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Si la vue, l'ouïe ou le toucher sont très sensibles, ce n'est pas moins le cas de l'odorat, capable de faire varier du tout au tout nos émotions. Sur Europe 1, mercredi, la neuropsychologue Sylvie Chokron se penche sur le pouvoir méconnu des odeurs chez les humains. 

"On est très influencés par notre vision et notre audition, mais on a aussi hérité d'un odorat dont on n'a pas forcément conscience" : voilà, en substance, le message de Sylvie Chokron, neuropsychologue et invitée d'Europe 1, mercredi midi, dans Bienfait pour vous avec Mélanie Gomez et Julia Vignali. La spécialiste décortique les liens entre odeurs et émotions et comment les premières peuvent directement agir sur les secondes pour modifier notre perception du monde.

Premier élément à prendre en compte : "On sait qu'à notre insu, on va souvent mémoriser les odeurs associées aux souvenirs", décrit Sylvie Chokron. "La première explication, c'est que la région qui gère les odeurs dans le cerveau est toute proche du circuit qui gère les émotions et la mémoire. Si vous retournez, par exemple, dans l'école de votre enfance, rien que l'odeur de la craie ou du tableau mouillé fait resurgir plein de souvenirs. Quand on encode un souvenir, il semblerait qu'on encode automatiquement l'odeur qui va avec."

Des odeurs perçues à l'insu du sujet

Selon la neuropsychologue, "le cerveau se construit un répertoire d'odeurs" et va détecter les odeurs nouvelles pour les "traiter de manière complètement automatique, à notre insu". D'ailleurs, si on dit qu'il y a des gens qui ont du nez ou du flair, "il se pourrait très bien que ce ne soit pas de l'intuition, mais que ce soit véritablement des odeurs qu'on perçoive à notre insu et qui vont modifier nos comportements, nous faire fuir ou nous attirer de manière automatique".

Fuir ou attirer : les odeurs ont donc le pouvoir de modifier notre comportement, à notre insu. "Des chercheurs ont présenté des vidéos plus ou moins effrayantes à des spectateurs. Et pendant qu'ils regardaient ces vidéos, ils ont prélevé leur sueur et ils leur ont aussi demandé quel était le degré de leur peur. Ils se sont rendu compte que non seulement plus on a peur, plus on sécrète ces odeurs-là, mais ces odeurs sont d'autant plus marquées qu'on a eu peur. Il y a donc vraiment une odeur de la peur, sécrétée à notre insu."

L'utilité de la lavande

À l'inverse, il y aurait quelque chose qui se rapprocherait de l'odeur du bonheur : "La même équipe de chercheurs a pris des sujets qui étaient en situation de plaisir. Ils ont prélevé ces sécrétions, ils les ont fait sentir à des sujets complètement naïfs et là, ils ont observé des manifestations de joie et de bonheur. Il se pourrait très bien que là aussi, on soit attiré à notre insu par des sécrétions cutanées, la transpiration, de gens heureux."

Des odeurs abstraites ? Pas totalement, à en croire Sylvie Chokron, qui identifie… la lavande comme une odeur plaisante : "Il se pourrait qu'elle ait une composition chimique qui ait le pouvoir de nous rassurer et d'inhiber dans notre cerveau les régions qui vont déclencher la peur. Des chercheurs ont ainsi demandé à des participants de jouer et pendant qu'ils jouaient, on leur a vaporisé soit de la lavande, soit du clou de girofle, soit rien du tout. Lorsqu'il y avait une ambiance de lavande, les participants étaient plus généreux, plus confiants, etc." La lavande pourrait-elle bientôt être utilisée pour pacifier les relations sociales ?