"Les musulmans de France doivent avoir une attitude sereine vis-à-vis des caricatures"

  • Copié
Trois jours après l'attentat de Nice et à la veille de l'hommage rendu à Samuel Paty dans les établissements scolaires, Mohammed Moussaoui était l'invité d'Europe 1, dimanche midi. Le président du Conseil français du culte musulman préconise une forme de "distance vis-à-vis de leur sentiment religieux" en matière de caricature.
INTERVIEW

Il avait créé la polémique, mardi, dix jours après l'assassinat du professeur Samuel Paty devant son collège de Conflans-Sainte-Honorine : Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, avait appelé à "encadrer" la liberté de caricaturer au nom du "devoir de fraternité". Cinq jours plus tard, après avoir reconnu une maladresse, le dirigeant s'explique au micro d'Europe 1 sur la vision que devraient avoir, selon lui, les musulmans à propos des caricatures.

"Une réalité" à comprendre

"Je comprends évidemment que cela a suscité une incompréhension parce que certains ont eu le sentiment d'abdication face au terrorisme", avance Mohammed Moussaoui à propos de ses déclarations. "Ça n'est pas mon propos ni ce que je voulais exactement dire."

"Aujourd'hui, nous sommes face à une réalité que les musulmans de France doivent comprendre clairement : la liberté d'expression, la liberté de culte, la liberté de conscience sont un ensemble", appelle le responsable sur Europe 1. "Cet ensemble est protégé par notre loi et le président de la République l'a rappelé samedi. Cela fait partie des missions que le peuple français lui a confiées."

Moussaoui prône une nécessaire "distance"

Comment l'islam de France doit-il aujourd'hui aborder la question des caricatures, alors que plusieurs pays du monde arabo-musulman s'en sont pris à la France sur ce sujet ? "Les musulmans de France doivent avoir une attitude sereine vis-à-vis des caricatures", répond Mohammed Moussaoui. "C'est un mode d'expression qui existe depuis longtemps, avant même que les musulmans de France ne soient en nombre en France, depuis le 19e siècle. Les musulmans de France ne sont pas exclusivement visés par ces caricatures, d'autres religions et les politiques le sont aussi."

" La culture de la caricature est présente et nous devrions l'appréhender "

Le responsable du CFCM prône donc une forme d'acceptation de ces caricatures pour ses concitoyens de même confession, "quitte à ne pas les regarder". "La culture de la caricature est présente et nous devrions l'appréhender. Nous devons apprendre à nos enfants à avoir une forme de distance vis-à-vis de la connaissance qu'ils obtiennent dans les établissements d'enseignement", alors que les élèves rendront hommage à Samuel Paty, lundi. Il faut avoir cette distance vis-à-vis du sentiment religieux pour mieux comprendre cette culture et sa place dans la société."