Le procès s'est tenu aux assises de Laon en 2016. 3:47
  • Copié
Clémence Olivier
Christophe Hondelatte revient lundi sur un double meurtre, celui de Dominique Pascal et de José Barreyre, dans l'Aisne, en mars 2013.

Lundi Christophe Hondelatte revient sur les meurtres de Dominique Pascal et de José Barreyre, perpétrés dans l'Aisne, dans les Hauts-de-France, en 2013.

Un premier meurtre sans trace. Le premier survient le 15 mars. Vers 18h, Myriam rentre chez elle à Caumont retrouver son compagnon, Dominique Pascal, lorsqu'elle découvre le corps de ce dernier gisant dans une mare de sang. Il a été tué d'un coup de couteau dans le cœur et porte également des traces de coups sur la tête. Les techniciens en identification criminelle débarquent mais ne trouvent aucun indice, ni trace ADN, ni cheveu.

La piste de l'ex-compagne. Reste que la sœur de Dominique Pascal a une piste. Elle est persuadée que Véronique Pierret, l'ex compagne de son frère, une infirmière séduisante avec qui il a vécu pendant treize ans, est impliquée dans le meurtre. Selon elle, la rupture s'est particulièrement mal passée et elle l'avait déjà menacé de mort. Quand ils la rencontre, les gendarmes sont toutefois sceptiques. Véronique Pierret les reçoit de façon très courtoise. Elle marche avec des béquilles et assure avoir tourné la page. Elle explique également avoir passé la soirée du 14 mars, soir où le crime a été commis, chez elle avec son neveu Mallory Kubel et la petite amie de celui-ci, Emilie Viseur. L'enquête s'enlise.

Un deuxième meurtre relance l'enquête. Mais un autre meurtre commis le lendemain, à Laon, à 30 km de Caumont, relance l'enquête : celui de José Barreyre. Vers 1h du matin, cet homme prend une balle dans la tête après qu'une femme ait sonné à sa porte affirmant qu'elle avait rayé sa voiture et qu'elle souhaitait faire un constat. Mais il ne meurt pas sur le coup. A l'hôpital, il a le temps d'indiquer aux gendarmes un indice de taille, le prénom de sa meurtrière présumée : Emilie.

"  Ils se sont dits : 'on va faire une pierre deux coups' "

Les aveux de Mallory. Les gendarmes font alors un lien entre les deux meurtres et placent Véronique Pierret et Emilie Viseur en garde à vue. Fragile, Emilie Viseur révèle rapidement que son compagnon, Mallory, le neveu de Véronique Pierret, a tué les deux hommes avec l'aide de Véronique. Arrêté, Mallory confirme. Il était le bras armé d'un pacte noué entre les deux femmes, sa petite-amie Emilie et sa tante Véronique. "Il bascule parce qu'il est influencé par la tante et sa petite amie", explique au micro de Christophe Hondelatte Me Cyrille Bouchaillou, qui défendait les intérêts de la famille José Barreyre lors du procès de cette affaire aux assises en 2016. Mais il ne supportera pas de vivre avec ces deux meurtres sur la conscience. Dix mois après avoir été arrêté, il se suicide en prison.

Un plan minutieusement préparé. Le procès révélera que ces deux meurtres ont été largement préparés. "Nous avons un trio de meurtriers qui a organisé de manière machiavélique ces deux assassinats bien avant les 15 et 16 mars 2013", explique Me Cyrille Bouchaillou. "Ils se connaissaient depuis plusieurs semaines. Et c'est à l'occasion de plusieurs rencontres que ce mauvais film a été échafaudé par tous les trois". Ainsi, à chaque fois Véronique et Mallory se sont rendus au domicile de la future victime. L'un ou l'autre prétextait une panne de voiture ou un léger accident pour faire sortir la victime, puis Mallory tirait ou poignardait celle-ci. A chaque fois également, ils se munissaient de perruques, de gants, de bonnets pour éviter de laisser traîner des cheveux. Enfin, ils brûlaient leurs vêtements dans la forêt. Quant à Emilie, elle était chargée de fournir un alibi au groupe en envoyant des sms du portable de Mallory depuis l'appartement de Véronique, afin qu'il soit géolocalisé.

"Elle avait une haine incommensurable envers Dominique Laplace". Selon Me Cyrille Bouchaillou, c'est sans doute Véronique Pierret qui a tiré les ficelles. "Elle avait une haine incommensurable envers Dominique Laplace. Et comme Emilie Viseur avait un démêlé avec José Barreyre, son ancien compagnon qui réclamait la garde de leur enfant, ils se sont dits à trois on va faire une pierre deux coups", détaille-t-il. En novembre 2016, les deux femmes seront toutes les deux condamnées pour avoir commandité le meurtre de leurs ex-conjoints respectifs. Véronique Pierret écopera de 20 ans de prison, Emilie Viseur de 10 ans.