Les infractions à caractère raciste ont augmenté de 5% en 2020

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avec AFP , modifié à
En 2020, les infractions à caractère raciste ont augmenté de 5% en France, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Sur deux ans, l'augmentation est même de 21,5%. Et encore, ces chiffres ne sont que la partie émergée de l'iceberg, puisque la majorité de victimes ne portent pas plainte.

Le nombre d'infractions à caractère raciste a augmenté de 5% en 2020, moins que l'année précédente, dans un contexte "particulier" de pandémie, mais ces données ne représentent qu'une "faible partie" des faits dans la réalité, a annoncé jeudi le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Les forces de l'ordre ont enregistré l'an passé 11.338 infractions "commises en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la prétendue race ou la religion", contre 10.796 en 2019. Il y en avait eu 9.328 en 2018 : sur deux années, l'augmentation est de 21,5%, alors que le ministère de l'Intérieur précise que ces procédures enregistrées "ne représentent qu’une faible partie des faits à caractère raciste".

Sur la période 2013-2018, "seule une victime de menaces ou violences physiques racistes sur quatre et une victime d’injures racistes sur vingt ont, en moyenne, déclaré avoir déposé plainte", développe le ministère. Les infractions enregistrées l'année dernière se répartissent à part quasi égales entre crimes et délits (5.511) et contraventions (5.827). Ces dernières ont augmenté de 12% par rapport à 2019, les premières baissé de 2%. Près de 65% de ces crimes et délits sont des injures, provocations ou diffamations publiques, et elles diminuent de 7%.

Les étrangers "surreprésentés" parmi les victimes d'agressions racistes

La majorité (59%) de ces crimes et délits ont eu lieu dans une agglomération de 200.000 habitants ou plus, et 27% du total en région parisienne. La plupart des victimes des crimes et délits (pas de donnée disponible pour les contraventions) sont des hommes (58%), âgés de 25 à 54 ans (71%). Les étrangers sont surreprésentés parmi elles : ils comptent pour 19%, quasiment trois fois plus que leur part dans la population (7%). C'est encore plus significatif pour les ressortissants d'un pays d'Afrique, qui représentent 14% des victimes mais seulement 3% de la population.

Enfin, le ministère de l'Intérieur note que "les caractéristiques sociodémographiques des mis en cause" pour crime ou délit à caractère raciste "se distinguent nettement de celles de l’ensemble des mis en cause" pour tous types de crime ou délit. La part des femmes y est ainsi plus élevée (30% contre 17% parmi l'ensemble des mis en cause), celles des plus de 55 ans beaucoup plus (27% contre 7%), et l'âge moyen est supérieur (43 ans contre 32).

Le communiqué précise que "les confinements ont fortement influencé les conditions de dépôt de plainte, pour les victimes et les forces de sécurité", alors que certaines formes de délinquance n’ont pas pu s'exercer et tandis que d’autres se sont renforcées. "Les données présentées ici doivent donc être interprétées en gardant en tête ce contexte particulier" est-il ajouté.