Raymond Soubie était l'invité d'Europe 1 mercredi. 2:20
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Laetitia Drevet , modifié à
D'après Raymond Soubie, spécialiste des politiques sociales et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, la crise sanitaire pourrait déboucher sur un conflit social. "Si tous les commerçants se disent, comme des Gilets jaunes puissance 100, qu'ils ne savent pas de quoi sera fait leur avenir, il y a un risque", affirme-t-il mercredi sur Europe 1. 
INTERVIEW

Les crises sanitaire et économique déboucheront-elles sur une crise sociale ? "Il est difficile d'anticiper les conflits, mais c'est un risque", affirme Raymond Soubie, spécialiste des politiques sociales et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, invité d'Europe 1 mercredi. "Si tous les commerçants se disent, comme des gilets jaunes puissance 100, qu'ils ne savent pas de quoi sera fait leur avenir, il y a un risque impossible à maitriser."

Le reconfinement laisse à nouveau de nombreux commerçants sur le carreau. Et alors qu'ils espéraient pouvoir rouvrir leurs magasins dans les prochains jours, le gouvernement semble avoir tranché en défaveur d'un assouplissement. Raymond Soubie évoque une "série de facteurs négatifs" et une situation "en zig-zag" qui contribue à l'incertitude des entrepreneurs comme des salariés. "L'incertitude qui domine les entrepreneurs, les citoyens et les politiques, est un facteur de déstabilisation, donc de mécontentement, donc de potentiel conflit." 

Un "traumatisme de société"

D'après l'Insee, rappelle-t-il, plus de 650.000 emplois ont été détruits au premier semestre, et 350.000 autres pourraient l'être en fin d'année. "Nous sommes dans une situation sociale, psychologique et politique jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale." Malgré ce "traumatisme de société", Raymond Soubie n'est pourtant "pas pessimiste". Les deux options sont sur la table : le calme social ou l'explosion des mécontentements. "Il faut envisager les deux hypothèses de manière égale."

Quoiqu'il en soit, les gouvernants ne sont selon lui pas à blâmer. "Ils ne font ni mieux ni plus mal que ceux des autres pays occidentaux. Ils sont présents sur des fronts différents : la pandémie, le milieu hospitalier, la relance pour les années futures, le chômage partiel pour protéger les salariés. Il est un peu trop facile de les critiquer ou de les accabler."