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Charles Luylier (correspondant à Mayotte) / Crédits photo : JULIEN DE ROSA / AFP , modifié à
À Mayotte, les barrages pourraient être levés ce mercredi. C'est en tout cas l'engagement qu'avaient pris les collectifs citoyens, si et seulement s'ils obtiennent la garantie de leurs principales revendications : la suppression sans délai du visa territorialisé. Face à l'immigration massive, les associations humanitaires sont particulièrement dans leur viseur.

L’accusation est récurrente : les ONG, qui aident les migrants, sont-elles complices des "passeurs" ? "Les associations humanitaires jouent un rôle considérable dans l'immigration massive"... Ce sont les mots du député de Mayotte, Mansour Kamardine. L'île est toujours paralysée par les blocages, et ces associations sont plus que jamais pointées du doigt par les collectifs de citoyens. Une prise en charge qui fait de plus en plus débat sur l'île.

À Mayotte, les barrages pourraient être levés ce mercredi. C'est en tout cas l'engagement qu'avaient pris les collectifs citoyens, si et seulement s'ils obtiennent la garantie de leurs principales revendications : la suppression sans délai du visa territorialisé, qui empêche les migrants titulaires d'un titre de séjour de se rendre dans un autre département français. Depuis trois semaines, les habitants, excédés, dénoncent l'immigration massive et incontrôlée dans l'archipel. Dans leur viseur, Charles Villiers, les associations humanitaires accusées de faire le jeu des passeurs.

Une responsabilité évidente

Ali, congolais de 25 ans, est arrivé à Mayotte il y a six mois, en kwassa-kwassa, une petite embarcation utilisée par les passeurs. Sans l'aide des associations, il aurait sans doute déjà dû quitter le territoire français depuis longtemps. "J'étais bien ancré parce que ces associations font les démarches pour les demandeurs d'asile. On m'a dit de faire une première demande. Heureusement, ils étaient là", confie-t-il au micro d'Europe 1.

Une prise en charge de A jusqu'à Z. Conséquence, le nombre de migrants explose : 2.000 Africains et quelque 200.000 Comoriens. La responsabilité des associations est évidente, explique Aïcha Muhammad, porte-parole d'un collectif de citoyens. "Les associations sont complices parce qu'elles leur donnent le discours à donner à la préfecture. 'Oui, dans mon pays, j'ai été persécuté'... Ceux qui sont vraiment persécutés, on est d'accord de les accueillir. Mais ceux qui viennent où l'on n'a aucune information, tout en sachant qu'il y a des criminels qui fuient, on n'a pas besoin de ça", s'agace-t-elle. 

Des associations qui en ce moment fuient les médias, vu le contexte. L'une d'entre elles a d'ailleurs été cadenassée par les collectifs de citoyens la semaine dernière. Elle n'a pas rouvert depuis.