Les faits se sont produits dimanche et ont eu lieu sur les marches de la bouche de métro centrale de la place de la République. 2:12
  • Copié
Anaïs Huet , modifié à
Pour les invités de Wendy Bouchard, l'une des sources profondes de la transphobie, dont a notamment été victime une femme transgenre dimanche à Paris, est l'exacerbation d'une "masculinité toxique".
LE TOUR DE LA QUESTION

Insultes, gestes humiliants, coups de poing, coup de pied… L'agression entièrement filmée de Julia, femme transgenre, dimanche soir, place de la République, à Paris, a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux et dans les médias. Dans Le Tour de la question, jeudi sur Europe 1, les invités de Wendy Bouchard s'interrogent sur les causes profondes de la transphobie.

L'expression d'une "virilité exacerbée"

Pour Romain Burrel, directeur de la rédaction du magazine Têtu, le problème vient d'"une masculinité très toxique", un concept selon lequel l'homme doit être viril et dominant, et qui conduit bien souvent à une intolérance pour les femmes, les hommes considérés comme efféminés, les homosexuels ou les transgenres. Romain Burrel l'expérimente régulièrement et le déplore. "Personnellement, même dans un stade de foot, je ne me sens pas à l'aise, parce que je crains les effets de meute. Entre les chants homophobes et potentiellement, une certaine violence et une certaine virilité exacerbée, je ne me sens pas à l'aise", explique-t-il sur Europe 1.

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Le sociologue Arnaud Alessandrin, spécialiste du genre et de la discrimination, mène actuellement une enquête sur la LBGT-phobie dans la ville de Bordeaux. "Assez nettement, et la vidéo de Julia le montre aussi, les agressions transphobes, homophobes, ou sexistes, sont très massivement le fait d'hommes, à 99%", souligne-t-il. Des agressions qui augmentent et s'aggravent si les hommes en question sont en groupe. "Il s'agit d'un effet de meute", explique l'auteur de Sociologie des transidentités, aux éditions Cavalier Bleu (2018).

De l'ignorance à l'intolérance

Interrogée mercredi sur LCI, Julia, qui a confirmé le caractère transphobe de son agression, l'a expliquée ainsi : "Ils m'ont agressée parce que ce sont des ignorants." Dans le studio d'Europe 1, Soan, jeune homme transgenre, considère également que ce "manque d'informations entraîne des violences verbales ou physiques. 85% des personnes trans subissent des agressions dans leur vie. Le cas de Julia n'est pas isolé." Arnaud Alessandrin précise : "L'enquête que l'on mène actuellement à Bordeaux sur la LGBT-phobie montre que 80% des personnes trans vivent stressées, anxieuses dans l'espace public. Autre chiffre : 20% des personnes trans disent avoir vécu des violences physiques au cours des douze derniers mois dans l'espace public." Le problème est loin d'être résolu. Mais l'indignation suscitée par l'agression filmée de Julia montre, selon le sociologue, "que la société a restreint son seuil de tolérance vis-à-vis de la transphobie".