Les acteurs de la petite enfance en grève contre la réforme Taquet : "Ca va être l'usine à bébés"
Les personnels des crèches et des haltes-garderies, ainsi que les assistantes maternelles, sont appelés à la grève mardi pour protester contre une réforme portée par le secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance Aurélien Taquet, qui devrait induire la présence de moins d’adultes auprès des enfants.
Les parents des très jeunes enfants risquent de trouver portes closes, mardi matin, au moment d’emmener leur progéniture à la crèche, en halte-garderie ou chez l’assistante maternelle. Les personnels de ces établissements sont en effet appelés à la grève, pour protester contre la réforme des modes d’accueil, portée par Aurélien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance. Selon les professionnels du secteur, ce texte, qui doit peu à peu entrer en vigueur au premier trimestre 2021, prévoit moins de personnels pour encadrer plus d'enfants.
La manifestation parisienne partira à 10h de la place Saint-Sulpice, avec un slogan : "Avec la réforme Taquet, nos enfants ne sauront plus où ils crèchent". Le mouvement devrait être bien suivi dans l’agglomération de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. Des débrayages et même des fermetures pures et simples pour toute la journée sont annoncées dans certaines crèches, comme celle de la commune d’Arques, près de Saint-Omer, qui accueille une vingtaine d’enfants, âgés de 3 mois à 4 ans.
"Ça ne va plus être un accueil bienveillant et de qualité"
Cela fait plusieurs mois maintenant que Delphine Duflot, l'auxiliaire puéricultrice, se mobilise avec son syndicat, la CFDT, contre ce projet d'augmentation des effectifs d'enfants dans sa crèche. "Au niveau du taux d'encadrement, ça veut dire moins de professionnels auprès des enfants", explique-t-elle. "Il ne faut pas oublier que ce sont des bébés de 3 mois à 4 ans. Vous imaginez quatre professionnels avec 20 enfants, ce que ça donne ? Et bien on veut nous en mettre encore plus. Ça ne va plus être un accueil bienveillant et de qualité, ça va être un peu l'usine à bébés."
Un souci partagé par ces deux mamans qui s'inquiètent : plus d'enfants sans personnel supplémentaire, cela peut poser un vrai problème de sécurité. "Au niveau inconfort, au niveau sécurité, l'enfant peut tomber, et la personne ne peut pas forcément être à droite, à gauche", craint la première. "On ne sait jamais ce qui peut se passer à cet âge-là. Ils ont besoin de beaucoup de surveillance. C'est vrai que ce n'est pas facile", embraye la seconde.
"C'est au gouvernement de donner les moyens et d'ouvrir plus de crèches"
Alors bien sûr, ici comme ailleurs, beaucoup de familles sont en attente de places dans les crèches. "On peut comprendre, mais c'est au gouvernement de donner les moyens et d'ouvrir plus de crèches ou de former plus de professionnels qualifiés pour pouvoir accueillir plus d'enfants dans les crèches", plaide Delphine Duflot.
Alors, pour marquer le coup aujourd'hui, cette halte-garderie dépendant de la communauté de communes sera fermée. Les parents qui le souhaitent pourront confier leurs enfants dans d'autres crèches de l'agglomération.