Le syndicat des homéopathes dépose plainte contre les 124 médecins signataires de la tribune anti-homéopathie

Les 124 médecins ont reçu le soutien de nombreux internautes à travers #soutien124 sur Twitter
Les 124 médecins ont reçu le soutien de nombreux internautes à travers #soutien124 sur Twitter © JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP
Les 124 médecins signataires d'une tribune contre l'homéopathie publiée en mars dernier ont reçu des plaintes disciplinaires de la part du Syndicat national des médecins homéopathes pour "non-confraternité". 

Le Syndicat national des médecins homéopathes (SNMHF) a indiqué vendredi avoir déposé des plaintes disciplinaires devant l'Ordre des médecins contre les signataires d'une tribune publiée dans Le Figaro en mars dernier qui attaquait violemment l'homéopathie. Une réunion de conciliation entre les différentes parties se tient lundi.

124 plaintes pour "non-confraternité". "Nous avons déposé des plaintes pour non-confraternité, non-respect du code de déontologie, étant donné qu'ils ne veulent plus reconnaître notre titre de médecins", a déclaré le président du Syndicat national des médecins homéopathes français, Charles Bentz. La tribune concernée attaquait les "médecines alternatives", dont l'homéopathie. Celles-ci sont pratiquées "par des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l'efficacité illusoire", écrivaient les médecins généralistes, chefs de services d'urgences ou encore cardiologues signataires de cette tribune.

 

Charles Bentz a estimé que la virulence du propos méritait de saisir les instances disciplinaires. "Les propos de nos confrères sont tout à fait clairs, tout comme le code de déontologie est clair. Je ne vois pas où il peut y avoir une conciliation", a-t-il expliqué. "C'est à l'Ordre de juger si cette attitude mérite des sanctions, et quelles sanctions", a-t-il ajouté.

Une tentative de conciliation vouée à l'échec. Plusieurs médecins visés par ces plaintes, chacune déposée devant le conseil départemental de l'Ordre où ils exercent, ont confirmé sur Twitter avoir reçu une notification. Tous ont dit persister dans leur condamnation de l'homéopathie. Une réunion de conciliation a été organisée par l'ordre des médecins entre les médecins concernés et le SNMHF. Mais l'issue semble déjà connue puisque le syndicat compte aller "au bout", soit jusqu'aux chambres disciplinaires.

D'autant plus que l'Ordre des médecins ne compte pas se prononcer sur le fond du débat, à savoir l'efficacité d'un traitement homéopathique. "En l’état, ce n’est pas à l’ordre de dire si l’homéopathie est efficace ou pas", a assuré Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l'ordre au Parisien.

Le remboursement des spécialités homéopathiques en question

L'homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale pour guérir. Tout médecin peut en prescrire. Quelque 5.000 médecins revendiquent la spécialité d'homéopathe, qui n'est cependant pas reconnue par l'Ordre. "Médecin homéopathe, ça n'existe pas", affirmait lors d'une conférence de presse en juin son vice-président, Jacques Lucas. Mais la mention "homéopathie" reste autorisée sur la plaque d'un médecin.

La Sécurité sociale rembourse certaines spécialités homéopathiques, malgré l'absence d'évaluation scientifique de leur intérêt. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait cependant dit en mai que cette évaluation allait se faire : "Peut-être simplement l'homéopathie pourrait-elle rentrer dans le droit commun, être évaluée. (...) Si elle est inutile, elle arrêtera" d'être remboursée, avait-elle prévenu.

#Soutien124. De leur côté, les 124 médecins ont médiatisé ces plaintes. Le mot-dièse #soutien124  a même été créé sur Twitter pour relayer les marques de soutien. Une "tribune citoyenne" doit également ouvrir le 3 août en soutien à ces médecins.

 

Les médecins envisagent par ailleurs de créer une association et de lever des fonds pour financer les frais de procédure, selon Le Parisien