Des enseignants critiquent le manque de distanciation dans les classes. 8:44
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Océane Herrero , modifié à
Alors que des enseignants ont fait grève ce mardi, dénonçant des mesures sanitaires insuffisantes dans les établissements scolaires, le maire de Saint-Denis Mathieu Hanotin insiste sur l'importance de maintenir les élèves à l'école aussi longtemps que la situation épidémique le permet.
INTERVIEW

Pourrait-on à nouveau confiner les élèves et basculer vers l'enseignement à distance ? Alors que l'épidémie frappe encore durement la France et a fait plus de 470 morts en 24 heures, certains enseignants réclament un retour, au moins partiel, à l'enseignement virtuel. Mathieu Hanotin, maire (PS) de Saint-Denis, s'oppose pour sa part à des réglementations sanitaires plus strictes dans les établissements scolaires. Pour lui, c'est l'éducation des jeunes qui est en jeu, explique-t-il au micro d'Europe 1. 

Un protocole sanitaire "applicable" dans les établissements

Hier, environ 9% des enseignants du primaire et 10% des enseignants des collèges et lycées ont fait grève pour protester contre les insuffisances du protocole sanitaire dans les établissements scolaires. Ils critiquent notamment l'absence de distanciation dans des classes qui comptent parfois une trentaine d'élèves, ainsi que le brassage de jeunes que l'on observe lors des pauses ou après les cours. Saint-Denis n'a pas été épargné par le mouvement de contestation puisque des professeurs du collège Elsa Triolet ou du lycée Paul-Eluard ont répondu à cet appel, symbolisé par le hashtag #Balancetonprotocole.

Un protocole que Mathieu Hanotin, lui, soutient. "Comme maire, je le soutiens parce que je dois l'appliquer. Ce protocole, dans toutes nos écoles, il est applicable", estime l'élu. "Quand certains ont pour but de chercher l'exception à cette application, ils la trouvent toujours, évidemment. La vraie question, c'est : est ce qu'il faut tout faire pour que les enfants restent à l'école?"

La réponse est, selon le maire, clairement affirmative. "Il faut tout faire pour qu'il n'y ait pas cette terrible rupture qui a eu lieu de mars à septembre pour l'ensemble de gamins", abonde-t-il. "Ils ont passé six mois sans contact avec aucun acteur éducatif. Ça, c'est un vrai drame."

Privilégier la réglementation locale

Pour autant, l'école peut être un foyer de contamination non négligeable. "Je pense qu'il faut plutôt essayer de trouver les règles d'organisation adaptées au niveau local. Mais en essayant, tant que c'est possible, de sanctuariser le fait qu'on continue l'école, surtout pour les élèves des écoles primaires et des collèges," développe encore le maire de Saint-Denis. "Et j'insiste surtout pour les quartiers de Saint-Denis, en particulier les établissements REP (Réseau d'éducation prioritaire)."

Un nouveau basculement vers l'enseignement à distance serait, pour Mathieu Hanotin, périlleux pour l'enseignement, mais aussi inefficace : "Penser que les gens ne vont pas se voir parce qu'ils ne vont pas à l'école, c'est ne pas connaître la réalité de la situation," tance-t-il. "Je pense qu'au contraire, à l'école, on a plus de capacité à vérifier l'application des gestes barrières"

Le confinement est en effet difficile à faire respecter. La semaine dernière, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé, en coordination avec le préfet de police Didier Lallement, un renforcement des mesures sanitaires dans la petite couronne. La Seine-Saint-Denis est concernée par cet ensemble de mesures qui doit mettre fin aux "attroupements" qui ont pu être observés. Parallèlement, le ministre de l'Intérieur a pour ambition, selon nos informations, de renforcer les sanctions à l'encontre des personnes qui ne respecteraient pas le confinement.