Le calvaire d'Angèle, 4 ans, devant les assises de la Vendée

La fillette avait été victime de violences pendant au moins une semaine (photo d'illustration).
La fillette avait été victime de violences pendant au moins une semaine (photo d'illustration). © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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M.L
En 2014, la petite fille avait été retrouvée morte étranglée, après avoir été torturée pendant une semaine. Le procès de sa mère et de son ex-beau-père s'ouvre lundi à la Roche-sur-Yon.

La Cour aura une semaine pour retracer le calvaire d'Angèle et tenter de répondre aux multiples interrogations qu'il soulève. Trois ans après la mort de la fillette, martyrisée puis tuée dans le huis-clos d'une petite maison de Vendée, sa mère et son ancien beau-père comparaissent à partir de lundi et jusqu'à vendredi devant les assises. La première est accusée d'avoir étranglé son enfant au terme de quelques jours d'extrême violence perpétrée par le couple, jugé pour "actes de torture ou barbarie".

Bleus, morsures et brûlures. Les faits remontent au 8 septembre 2014. Appelés en milieu de matinée, les secours se rendent à Saint-Georges de Pointindoux, à une vingtaine de kilomètres de la Roche-sur-Yon. Sur place, pompiers et gendarmes ne peuvent que constater le décès d'Angèle, 4 ans, allongée sur un matelas, le corps recouvert de bleus et de brûlures. La mère de l'enfant et son compagnon de l'époque sont placés en garde à vue.

L'autopsie révèle l'ampleur des sévices subis par l'enfant. Les médecins mettent en évidence "de nombreuses traces de coups" en divers points du corps et d'importantes morsures, "au vu des traces très marquées qui subsistent." Des cheveux ont été arrachés en plusieurs endroits et 30 à 35% de la surface du corps présentent des brûlures au deuxième degré. D'après les experts, les violences ont duré environ une semaine.

"Qui a fait quoi exactement ?" Pour justifier les coups, la mère et son compagnon de l'époque, avec qui elle vivait depuis quelques mois seulement, invoquent des punitions face aux "désobéissances multiples de la fillette". Tous deux se rejettent la responsabilité des brûlures provenant, selon eux, de douches brûlantes données par punition. La mère reconnaît avoir étranglé sa fille, mais réfute avoir voulu lui donner la mort. Aucun des voisins n'a rien vu ni entendu. Beaucoup ignoraient même qu'un enfant vivait dans la maison du couple.

Devant les assises, "la question va se poser de savoir qui a fait quoi exactement (...), ainsi que celle de l'alchimie entre deux qui aboutit si vite à ces violences", estime l'avocat de la mère, interrogé par 20 Minutes. Le conseil de son ancien compagnon déplore, lui, un renvoi aux assises basé sur "la parole de cette femme, qui ne vaut rien". Et rappelle que le beau-père "s'en veut d'avoir commis des violences et des punitions inadaptées, mais a toujours nié les brûlures."

"M'éclater et faire la teuf". Au-delà de la responsabilité, le procès, pour lequel trois associations de protection de l'enfance se sont constituées parties civiles, interrogera celle d'éventuels dysfonctionnements dans le suivi social de la famille. En 2011, le père biologique d'Angèle, séparé de sa compagne, avait en effet alerté le conseil général, joignant à son signalement une copie du profil de son ex-concubine sur un site de rencontres. "Centres d'intérêt : m'éclater et faire la teuf", y indiquait-elle. Mais "l'enfant se développait bien" et "la mère avait de bons réflexes", selon les services sociaux. "Rien ne pouvait laisser supposer une maltraitance". À la Roche-sur-Yon, le beau-père encourt 20 ans de réclusion. La mère, la perpétuité.